« Ici, c'est un passage essentiel pour moi, c'est une renaissance, comme si j'apprends à marcher, à devenir responsable. » Aurore est arrivée à Montjoie depuis huit mois. Originaire de Bretagne, l'ancienne aide-soignante de 41 ans décide en 2019 de suivre un parcours de soins qui ne donne pas les résultats souhaités immédiatement. « J'ai donc fait des recherches personnelles car je voulais me soigner tout en continuant à vivre avec d'autres adultes et ne pas perdre mes capacités intellectuelles. J'ai la chance de continuer à discuter beaucoup avec mes quatre sœurs et avec ma fille de 12 ans, qui comprennent ma démarche. Par contre, je sais que l'addiction, c'est à vie ! », explique-t-elle avec émotion. Volontaire, courageuse, optimiste, Aurore porte des projets ambitieux, mais elle veut prendre le temps. « Lorsque la situation sera stabilisée, je veux suivre une formation de patiente experte pour intervenir avec les équipes soignantes, en structures. »
Une démarche volontaire
Le groupe est au cœur du projet thérapeutique et d'insertion sociale et socio-professionnelle dans ce lieu ouvert, où les résidents participent à la vie locale. Résidents et professionnels décident ensemble des programmes de la semaine. « Cette forme d'intelligence collective dans un lieu sécurisant pour se reconstruire favorise l'autonomie et permet d'expérimenter une vie sans produit », argumente Bernard De Sevin, le directeur. Toutes les personnes présentes ont volontairement choisi de s'inscrire dans ce projet basé sur la vie en communauté qui les engage à s'abstenir de toutes consommations.
La communauté thérapeutique Montjoie existe à Pré-en-Pail depuis 2010. D'abord dans une maison individuelle, route de Mayenne et, depuis 2014, Montjoie s'est installée dans les locaux neufs du Pré Davert. « Les élus ont ouvert les portes pour faciliter notre installation et le lieu correspondait parfaitement à nos souhaits », souligne le directeur. En France, il existe seulement neuf centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie avec hébergement, essentiellement positionnés en milieu rural. La capacité d'accueil à Pré-en-Pail est de 22 places sur la communauté et de huit dans les appartements à Pré-en-Pail, St-Calais et Mayenne, pour les personnes qui finalisent leur séjour. L'équipe des personnels est composée de 15 salariés avec un directeur, un chef de services, des éducateurs, surveillants de nuit, infirmières, psychologues, secrétaire et maîtresse de maison.
« L'être humain est fait pour monter les marches au cours de sa vie et pas pour les descendre », indique le directeur qui rappelle que, « chaque situation d'addition résulte souvent d'un parcours de vie difficile que l'on ne doit pas juger ».
Bernard De Sevin et la cheffe de service, Anne, insistent sur « les trois leviers utilisés pour améliorer l'état physique et psychologique de la personne : la solidarité et l'entraide entre pairs, la durée longue du soin, en moyenne de 10 mois, et enfin apprendre à s'apprécier, travailler sur l'estime de soi ». Bernard De Sevin l'affirme : « On se doit de rester humble dans nos missions du quotidien ! »
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