« Les gens disent qu'on passe notre temps à se balader », plaisante Claire Compagnon, éducatrice au service prévention de l'association Inalta, du latin inaltare : « porter plus haut ».
Le dispositif travaille en étroite collaboration avec les autorités judiciaires et administratives, notamment liées à la protection de l'enfance. « Ça fait deux ans que je suis à la Prev'. Nous allons à la rencontre des jeunes, ils apprennent à nous connaître et parfois cela débouche sur des accompagnements ». « Il n'y a pas de profil type » poursuit Grégory Vaudolon, lui aussi éducateur de rue.
Avec un premier principe de libre adhésion, « la Prev' » accompagne des volontaires dans leurs projets personnels et professionnels, certains peuvent avoir 8 ans, d'autres une vingtaine d'années. « Le second principe, c'est l'anonymat », ajoute-t-il. « Leurs parents ne sont pas informés de cet accompagnement, à part au moment des sorties pour les autorisations parentales ou dans les cas d'extrême danger ».
Pas d'objectif de résultat
« Nous ne proposons pas seulement des activités de loisirs, nous souhaitons mettre en valeur leur pouvoir d'agir, notamment à travers des chantiers éducatifs », expliquent-ils. « Nous les aidons pour faire leurs devoirs, pour faire leurs papiers, pour trouver un logement, un travail... Il y a des accompagnements personnalisés et collectifs, nous voulons qu'ils deviennent autonomes. »
En dehors des rues et de leur local, rue Lamartine, les deux éducateurs interviennent également dans les collèges et lycées pour parler « d'addiction, de sexualité, de suicide, etc. Parfois, on accompagne des jeunes pendant plusieurs mois et du jour au lendemain, nous n'avons plus de leurs nouvelles, c'est comme ça ». À l'année, le dispositif de prévention intervient auprès de 350 personnes à Mayenne.
« On peut être affecté »
« Ce n'est pas toujours facile, il y a parfois des situations que je ramène à la maison, je suis une mère, je peux parfois être affectée », soutient l'éducatrice. « Notre journée démarre généralement l'après-midi, elle peut se terminer tard le soir, on vit en fonction de leur vie », dit-elle.
Bien que l'une des qualités premières des éducateurs soit la réactivité, « les jeunes doivent aussi trouver les ressources eux-mêmes. Parfois ils nous appellent, on ne répond pas systématiquement », assure Grégory Vaudolon. Les relations de confiance sont la base de leurs rapports avec les personnes accompagnées, pourtant, « nous ne sommes pas leurs amis », rappellent-ils.
« La porte sera toujours ouverte », leur local est situé au 16 rue Lamartine, proche de l'école Pierre et Marie Curie. « Nous n'avons pas de permanence spécifique, à part sur demande. C'est un lieu où les jeunes doivent se sentir bien ». Parfois le duo se délocalise à bord d'un véhicule siglé « »éduc de rue« . Le véhicule est ouvert, c'est plus facile pour eux de venir nous voir que de franchir la porte du local », assure la jeune femme.
Le duo ne refuserait pas un troisième éducateur pour les épauler. « Parfois nous travaillons seuls mais souvent nous avons besoin d'être deux. C'est un métier qui permet de rester connecté à la réalité, de garder les pieds sur terre. Ils nous apportent souvent bien plus que ce que nous leur offrons. Malgré leur situation difficile, il y a aussi des choses positives ».
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