La pratique du sport, que ce soit chez les amateurs ou au haut niveau, est souvent associée au plaisir et à la passion. « Être entraîneur est effectivement un métier passion », lance Sébastien Cartier, entraîneur de l'US Laval basket. Pour autant, il en connaît les limites. Celles notamment d'être confronté à une pression quotidienne, d'être constamment jugé et sur le qui-vive quasiment sept jours sur sept. « Du fait que tu sois passionné, même quand tu n'as rien, tu vas y penser. C'est une machine à laver. Ça tourne tout le temps, et quand ça s'arrête, c'est toujours un laps de temps très court. Tu as ta semaine type, tu dois gérer le match, les joueurs, les demandes à côté », raconte Sébastien Cartier, qui, depuis le Covid, travaille aussi chez Serma BTP.
« Pas les vacances idéales »
Et quand vient l'heure de la fin de la saison, il faut déjà préparer la suivante. « Je prends deux ou trois jours pour couper. Mais tu es sur la plage en Espagne, tu te baignes un peu et il faut que ta femme accepte que tu retournes sur la serviette pour scooter des joueurs, passer des appels... Je pense que ce n'est pas les vacances idéales pour la famille. Mais toi, tu n'en penses rien parce que le recrutement est super important », raconte celui qui est au club depuis 2014.
Entraîneur mais pas que
L'entraîneur n'est plus seulement sollicité sur l'aspect sportif. La relation avec les médias et l'obligation de répondre à la presse après chaque match peut aussi être une mission délicate et pesante sur la durée. « Ce n'est pas toujours agréable mais quelque part, quand tu t'engages là-dedans, tu connais le business et tu sais ce que ça va être, commente-t-il. Tu dois aussi gérer les relations avec tes dirigeants, aller faire le speech avec les partenaires à l'issue du match. » En bref, le métier d'entraîneur ne se résume plus seulement au fait d'entraîner. « Selon tes prérogatives, soit tu ne fais que strictement entraîner, soit tu vas essayer de développer le club, amener des idées, tenter d'avoir un impact sur le club en général. Je pense que ça, c'est lié un peu à ta personnalité », glisse Sébastien Cartier qui est notamment passé par les Sables et a connu une expérience de cinq ans en tant qu'assistant en Pro B.
Un stress permanent
La charge mentale est présente au quotidien. « Elle est peut-être aussi liée au niveau auquel tu entraînes, s'interroge l'entraîneur de 48 ans qui a également le rôle d'analyste vidéo. Il y a plusieurs aspects qui entrent en jeu selon si tu es coach ou manager, selon la structure du club, du staff qui t'entoure... Plus le club est à un haut niveau plus il y a d'intermédiaires, mais ça n'empêche pas que les joueurs vont toujours venir vers toi. En tant qu'entraîneur, tu es leur référent, donc c'est toujours toi qui es sollicité pour tel ou tel problème. »
Le stress permanent joue aussi un rôle prédominant. « Il est toujours là, lâche Sébastien Cartier sans pour autant se plaindre. On n'est pas des machines, on est des êtres humains, on a le droit à l'erreur. Il faut toujours être à l'affût de tout. Il faut un peu avoir ta carapace pour te protéger parce que sinon tu perds confiance en toi. »
La pression, parfois provoquée par les supporters, est aussi liée à l'obligation constante de résultat, sous peine de limogeage. « On est le premier fusible à sauter. On le sait, ce sont des données qu'on a au départ. Si tu es viré, ça touche ton intérieur, ta confiance en toi. Tout échec est dur. » Malgré tout, Sébastien Cartier ne laisserait sa casquette d'entraîneur pour rien au monde : « Quand ça s'arrêtera, peut-être que je me dirai que j'étais fou. »
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