« Pourquoi je vais travailler ? En côtoyant ces pompiers, je me suis dit qu'ils avaient la chance d'être utiles tous les jours. » Il y a dix ans, Audrey Saint-Drenan travaillait à l'université de Bretagne Sud en tant que responsable administrative et financière. Rien ne la prédestinait, a priori, à revêtir l'uniforme. Rien, jusqu'à un remplacement dans les bureaux du SDIS 56. Une révélation. Dix ans après avoir franchi le pas et être devenue sapeur-pompier, la capitaine Saint-Drenan vient de prendre, à 33 ans, la tête du centre d'incendie et de secours de Mayenne. Elle succède au commandant Didier, parti à la retraite après 15 années à diriger le centre.
Adjointe à Laval
« Je suis arrivée ici, à Mayenne, le 26 juin, le jour de la fin de mon congé maternité. C'est un grand changement pour mon retour », s'extasie la capitaine qui prend ses marques dans cette nouvelle fonction car c'est la première fois qu'elle prend la tête d'un centre de secours. Auparavant, elle était adjointe du centre de Laval. « J'ai eu le temps de faire mes armes en tant qu'adjointe », commente-t-elle. « Avant, dans le centre, j'avais toujours quelqu'un au-dessus à qui me référer. Désormais, en tant que cheffe, il faut savoir davantage prendre des coups quand il y a besoin pour protéger et accompagner les hommes et femmes du centre. J'ai un sentiment de responsabilités, encore plus important qu'avant. Je me sentais déjà investie d'une mission, mais là, c'est d'un autre niveau. J'aurai une double casquette : du commandement sur le terrain, et du management à la caserne, même si, plus on monte en grade, moins on se rend sur le terrain », rigole celle qui travaille en Mayenne depuis quatre ans.
12 professionnels et 80 volontaires
Audrey Saint-Drenan devra gérer 12 professionnels et environ 80 volontaires. « Un centre mixte, ce n'est pas toujours évident mais c'est aussi une richesse. Pour moi, ça garantit la compétence car les professionnels apportent leur expérience et transmettent leurs connaissances tandis que les volontaires ont des expériences de vie et professionnelles différentes. Nous avons besoin de profils différents. Par exemple, un charpentier sera très utile lors d'un feu de cheminée, un prof sera à l'aise lors de formations, quelqu'un du secteur médical apportera ses compétences lors d'un secours à la personne. » Elle poursuit dans ce sens : « C'est un travail d'équipe, il n'y a pas que le physique qui compte : il y a aussi la capacité à prendre du recul, à ne pas paniquer, l'empathie et la capacité à désamorcer des conflits. » Une réflexion liée à la féminisation du métier. « Nous sommes moins de dix femmes à être professionnelles en Mayenne. C'est une chance d'être une femme et d'accéder à cette fonction mais ça ne devrait pas être une chance. L'idée n'est pas d'atteindre la parité mais une mixité. On sort progressivement des clichés comme la femme n'est pas assez forte pour faire ce métier physique. »
Musclés ou non, ces profils humains sont précieux, dans une période où le secteur médical est en tension, notamment les hôpitaux. Les pompiers sont davantage sollicités. « 80 % de nos interventions, c'est du secours à la personne et, malheureusement, on intervient souvent car ils n'ont pas accès aux soins et la réponse la plus simple, semble être le 18. »
Volontaire dans le Morbihan
Si la maman de deux enfants est sapeur-pompier professionnelle depuis 2018 après avoir obtenu le concours d'officier qui « allie terrain et management », elle conserve toujours aujourd'hui son statut de Sapeur-Pompier Volontaire (SPV) dans le Morbihan où elle rentre quand elle peut, le week-end. « Ça me permet de garder le contact avec le statut de volontaire et de mieux comprendre les agents SPV et notamment leurs contraintes. Ça me permet d'être plus à l'écoute. » Pendant les prochaines semaines, elle va essayer de rencontrer tous les sapeurs-pompiers volontaires du centre et surtout d'axer son travail « sur la communication, sur le maintien d'une qualité de vie agréable au centre, tout en garantissant une réponse opérationnelle de qualité, continuer le développement des conventions avec les employeurs des volontaires et concilier la vie personnelle et la vie professionnelle ».
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.