"Garde à vous !" De la salle du Théâtre du Tiroir à Laval, les voix s'élèvent. "C'est hyper sport", sourit Jean-Luc Bansard, directeur artistique de la compagnie, alors que les acteurs partent en pause. Depuis 2016, il mène des chantiers citoyens chaque été, "pour ceux n'ayant jamais fait de théâtre". Chantier, car le Lavallois propose un sujet et "tout le monde cherche où on va" ; et citoyen, car "les participants ne se connaissent pas, parfois ne parlent pas la même langue, et ont des choses à dire".
"Prendre la place du roi"
Comme d'accoutumée, l'idée est de bannir les frontières : "Le théâtre est l'endroit parfait pour cela", ajoute Jean-Luc Bansard. Cette année, le chantier est intitulé Ubu en Afrique. Pour recruter, le directeur artistique a fait le tour des centres qui donnent des cours de français aux migrants, et d'autres endroits stratégiques comme Emmaüs, les Restos du cœur, la Porte ouverte...
"Les premiers Africains à nous avoir rejoints m'ont immédiatement parlé des dictateurs. Dans l'histoire de la pièce, on retrouve Moutoubou, dictateur, roi du Guiconya (pour Guinée, Congo et Kenya, NDLR). Le père Ubu devient Africain, va vouloir prendre la place du roi et va y parvenir."
"On mange ensemble, on s'écoute"
Tous les rôles phares sont tenus par des Africains, dans leur langue natale. Et chacun est doublé par un autre acteur pour les voix françaises. Parmi les acteurs, plusieurs ont été formés sur de précédents chantiers. "On est une quinzaine, et il faudrait être une vingtaine", ajoute Jean-Luc Bansard, invitant les Africains ou personnes originaires de pays étrangers à le rejoindre dès maintenant. Les participants à ce projet "vivent dans une situation de précarité sociale énorme. Les faire travailler six heures par jour au théâtre n'est pas évident". "Ici, je leur offre un endroit de sérénité. On mange ensemble, on s'écoute, on fonde une troupe. Pour eux, ici, c'est la famille", ajoute-t-il.
L'ambiance est au rendez-vous lors des répétitions : "Il n'y a pas besoin de dire deux fois aux Africains de danser !", sourit le directeur artistique. Olivier Messager, le compositeur de la compagnie, s'est rapproché des chants traditionnels pour les insérer dans le spectacle. "On tord un peu la poésie de Jarry, poursuit Jean-Luc Bansard. C'était un poète pointu. Avec le théâtre, on va le faire devenir vivant."
"Il est encore temps"
La première session des répétitions a pris fin. La prochaine débutera mi-août. L'idée est d'être prêt au 1er octobre. "Il est encore temps de nous rejoindre, le père Ubu recrute des soldats pour son armée", conclut Jean-Luc Bansard.
Contact : Jean-Luc Bansard, 06 76 29 62 91.
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