David Lecomte, dont la société FD Cousin Lecomte est basée à Ambrières-les-Vallées, est le président des EDT de la Mayenne (Entrepreneurs des territoires). Il revient sur la série de vols, notamment de GPS, que subissent les entrepreneurs agricoles dans le Sud-Mayenne et regrette le manque de soutien du milieu agricole.
La tension est palpable dans le Sud-Mayenne. Pourquoi ?
Cela fait plusieurs années que les entrepreneurs agricoles subissent des vols en Mayenne. Personnellement, j'ai été touché il y a deux ans, sur deux tracteurs, pour des préjudices de 18 000 et 25 000 €. En fin d'année dernière, on a été interpellés sur des vols dans le Sud-Mayenne, en Ille-et-Vilaine mais aussi en Vendée. Des GPS ont été récupérés par la gendarmerie dans un camp de Roms dans le nord du Maine-et-Loire, près de la frontière. Une entreprise du Sud-Mayenne a été touchée, puis plusieurs autres en même temps, il y a un mois.
Certains ont équipé leurs GPS de traceurs, et ces derniers ont bipé de nouveau près de ce camp, bien que les malfaiteurs tentent de brouiller le signal avec du papier aluminium. On était donc persuadé que le matériel volé s'y trouvait et nous avons décidé de nous y rendre dans le but de manifester notre ras-le-bol. On était une petite centaine. Notre mouvement a eu de l'écho. On remercie d'ailleurs la préfecture et les pouvoirs publics, même si on souhaiterait plus d'action que de paroles.
Quelle est la valeur du matériel volé ?
Un GPS, qui est une aide à la conduite, est aujourd'hui indispensable pour les semis. Il est lié aux machines. S'il n'y a pas de GPS, il n'y a pas de semis. Cet équipement vaut aux environs de 25 000 euros. Ces vols risquent de mettre en péril nos structures.
Quelles ont été les suites de votre mouvement ?
Nous avons eu des contacts avec la gendarmerie, nous sommes allés à leur rencontre à Laval. Il y a eu des échanges intéressants qui nous ont permis de comprendre leur fonctionnement, et les moyens humains limités dont ils disposent.
La gendarmerie est force de proposition pour des solutions immédiates.
Il y a deux semaines, un traceur a de nouveau bipé et des voleurs ont été arrêtés dans le Maine-et-Loire. Jérôme Coulon, entrepreneur agricole à Bouère et victime de plusieurs vols, a pu récupérer tout son matériel, soit l'équivalent de 118 000 euros. Ce qui n'est pas le cas pour d'autres victimes.
Quelles sont les craintes aujourd'hui ?
Le problème n'est pas résolu. Le réseau est toujours en place, on le connaît, on sait ce dont ils sont capables. Mais encore faut-il les prendre sur le fait... Je suis déçu de l'absence de réaction des constructeurs de GPS, qui savent que ce problème existe. Un GPS volé n'est repérable que lorsqu'il est réactivé sur une autre machine. Nous savons ainsi que certains sont partis dans les pays de l'Est ou aux États-Unis. Il faudrait que l'on puisse couper ces appareils à distance.
Lors du mouvement organisé à proximité du camp il y a un mois, j'ai aussi pris la mesure de l'inquiétude que cela génère chez nos salariés. Ils sont à bout, certains se sont retrouvés nez à nez avec des malfaiteurs. On a peur de la manière dont le conflit peut tourner.
Nous craignons que la problématique s'intensifie. La moisson bat son plein, tout le monde est à fond mais reste sur la défensive. On espère tout de même être un peu épargnés durant ces moissons.
Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
On bosse tout le temps. Pendant le Covid, on était présents. Nous avons toujours rempli notre devoir. Mais là, on se sent isolés. Face à l'augmentation du prix du carburant, on était seuls, pour les vols, c'est pareil, alors que l'on se bat pourtant pour le milieu agricole. Enfin, on espère aussi que nos assurances ne vont pas nous oublier.
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