Depuis qu'il a pris place sur les bancs en 2003, Olivier Frapolli a vu son métier évoluer. En 20 ans, l'entraîneur du Stade lavallois a connu six clubs. Il est arrivé en Mayenne en 2019.
À l'heure où la valse des coachs est plus que jamais d'actualité, il sera cette saison le deuxième entraîneur en poste depuis le plus longtemps en Ligue 2 dans le même club. "Très peu d'entraîneurs sont à l'abri de quoi que ce soit. Tu es sous pression constante. Avec l'accélération des réseaux sociaux, la société qui a évolué, tout est plus précaire", lance le tacticien lavallois. Et même si le président tango Laurent Lairy veut contrer le modèle "on prend, on jette", comme il le rappelle souvent, plus d'un tiers des entraîneurs de Ligue 2 ont été virés la saison dernière.
Au Stade lavallois, Olivier Frapolli avoue "avoir un président qui a conscience de la difficulté de la tâche et qui essaie toujours de vous aider dans cette démarche. C'est quelqu'un qui va manager par le haut. Il ne va pas rajouter de la pression, du stress, des émotions négatives."
"Très lourd à gérer sur le plan émotionnel"
La pression émise par les supporters, les médias, les enjeux économiques et sociétaux ne fait qu'empirer. "Sur le plan émotionnel, c'est très très lourd à gérer. Petit à petit, la partie terrain a pris moins de place. Les réseaux sociaux et les moyens de communication ont fait que tout est amplifié. Il faut énormément d'énergie et être en capacité de ne pas trop se polluer la tête avec des choses sur lesquelles tu n'as pas de prise, ainsi que prendre le recul nécessaire", fait remarquer l'entraîneur de 51 ans.
Facile à dire, pas toujours simple à appliquer, notamment pour les moins expérimentés, que ce soit chez les entraîneurs ou chez les joueurs. Alors pour le coach lavallois, bien qu'il n'y en ait pas encore au club, l'aide extérieure "d'un psychologue ou d'une personne qui a la capacité d'écouter les joueurs, un entraîneur, un staff, va devenir indispensable". Il ajoute : "Souvent, on a un sac à dos et il faut enlever les cailloux et les pierres. Le problème est que toutes les personnes que vous croisez au club sont des personnes qui vont avoir un lien ou un intérêt avec ces pierres et vous ne pouvez donc pas être authentique."
"On ne doit jamais montrer ses faiblesses"
Cette aide pourrait par exemple être précieuse dans le cheminement du joueur blessé. "Pour celui qui rechute en permanence, le côté psychologique est très important dans la guérison. C'est encore un peu tabou dans le football et la société parce que c'est assimilé à de la faiblesse, regrette l'ancien joueur de Toulouse. Dans le football, les mentalités évoluent mais on ne doit jamais montrer ses faiblesses. Vous devez en toutes circonstances montrer que vous êtes fort alors que personne n'est infaillible."
Bien souvent, la personne à qui est attribué ce rôle d'écoute est l'entraîneur. "Ce n'est pas toujours facile parce que parfois on n'est nous-même pas en capacité de prendre les cailloux des autres", avoue Olivier Frapolli. Chaque saison, de nombreux joueurs demandent des entretiens individuels : "Les joueurs ont besoin de sortir la frustration emmagasinée. Parfois, l'entretien se passe bien, parfois il est un peu plus musclé. Mais je pense que lorsque les joueurs en ressortent, ils n'ont peut-être pas les réponses à leurs questions mais ont le sentiment d'avoir pu s'exprimer, d'avoir fait passer un message. On les ressent plus légers, plus libérés..."
"On est censé prendre les problèmes de tout le monde"
L'entraîneur, lui, n'a pas cette personne à qui se confier, en dehors du cadre familial. D'ailleurs, Olivier Frapolli a profité de la période du Covid-19 pour suivre une formation sur la préparation mentale. "On est censé prendre les problèmes de tout le monde, les gérer pour faire en sorte que le week-end, l'équipe n'ait plus ces problèmes. Ça demande de l'énergie, une certaine sensibilité. Tout le monde n'est pas en capacité de le faire" conclut celui qui entame sa quatrième saison sur le banc tango.
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