« Ce n'est pas comme dans les films, je ne peux pas entrer dans une maison et poser micros ou caméras. » Depuis juin, Mathieu Dellière exerce un métier peu connu en Mayenne, celui de détective privé. Ou plutôt « agent de recherche privé », selon l'intitulé officiel. Il est le seul à travailler dans ce domaine sur le département. « Dès que je me suis mis sur Google, j'ai eu des demandes, raconte l'homme de 32 ans, ancien cadre dans l'industrie. J'en ai eu marre de ce métier. J'avais lu des bouquins sur les détectives, je me suis dit go, on va tenter l'école. »
Pendant un an, il se forme à Paris, dans l'une des quatre écoles en France. « Les 3/4 des cours sont consacrés au droit. Il y a aussi un peu de psychologie. On apprend également à faire des recherches un peu plus poussées sur Internet que ce que font monsieur et madame Tout-le-monde. »
« L'adrénaline est assez folle »
Diplômé en octobre dernier, Mathieu a ouvert son agence il y a deux mois à Laval et répond à des demandes de particuliers ou professionnels : « Contrairement à ce qu'on peut penser, l'adultère ne fait pas partie des missions les plus représentées. Il y a pas mal d'affaires familiales (carence éducative, garde d'enfants...) mais aussi de la recherche de personnes et d'adresses. »
Pour ce qui est des demandes professionnelles, Mathieu travaille sur la recherche d'informations liées notamment à la concurrence déloyale et aux arrêts maladies abusifs. « Il y a de belles anecdotes, s'amuse-t-il. Par exemple, j'ai fait une recherche concernant un arrêt maladie abusif mais en plus de ça, ma cible allait bosser au black chez un concurrent. »
Le Mayennais a aussi connu quelques belles surprises : « Il m'est arrivé de chercher une personne toute la journée et le soir, lorsque j'étais au camping avec un ami, la cible est venue jouer à la pétanque juste devant moi. »
Pour mener à bien ses missions, Mathieu doit naturellement faire preuve de discrétion et n'hésite pas à se « désilhouetter » : « J'ai de fausses lunettes, des lunettes de soleil, une casquette. Rien qu'avec les cheveux, on peut faire pas mal de choses. »
Dans le sac qui le suit partout se cache son matériel : un appareil photo, un caméscope, des gants ou encore un dictaphone et un carnet. « Je note tous les détails, précise celui qui a aussi une petite sacoche dotée d'une caméra cachée. Il faut également être un bon acteur. Parfois, on fait des petits scénarios pour avoir des informations. L'adrénaline du terrain est assez folle. Avant de commencer, j'ai à chaque fois des frissons. Ce qui me plaît aussi, c'est d'aider des gens. Ça peut paraître bête mais bien souvent, on est leur dernier recours. »
Alors l'aspect social et psychologique n'est pas à prendre à la légère. « Être détective, c'est excitant mais il ne faut pas oublier que devant nous, on a quand même une personne qui a un gros problème. Quand on va lui annoncer quelque chose qui n'est pas bon pour elle, ce n'est pas facile », glisse-t-il.
Un cadre réglementé
Le métier de détective privé est réglementé. « On est contrôlé par le CNAPS (conseil national des activités privées de sécurité) qui est sous la tutelle du ministère de l'Intérieur », glisse celui qui cherche d'ailleurs à balayer les nombreux clichés qui accompagnent sa profession. « Avant, n'importe qui pouvait être détective sans même connaître le droit. Il y avait beaucoup d'atteintes à la vie privée, de jurisprudence... L'image du détective est dégradée à cause de tout ça. Ce qu'on apprend à l'école, c'est à redorer le blason et à devenir quasiment des auxiliaires de justice. »
Le détective peut effectivement travailler avec des avocats : « Parfois, on peut s'appeler parce que c'est lui qui va plaider avec notre rapport. » Le tout dans un cadre strict. « Il faut respecter la vie privée de la personne. Je ne peux pas prendre de photos, que ce soit chez la personne ou dans sa voiture, si la fenêtre ou la porte n'est pas ouverte... Dans les enquêtes du salarié, sa vie privée est encore plus cadrée. Je peux suivre un salarié que lors de ses heures de travail et pas depuis son domicile. »
Le détective est aussi soumis au Code de la route. « En conclusion, on a vraiment les mêmes droits et devoirs de tout citoyen, ajoute Mathieu. On a juste un article qui, dans la loi, dit qu'on peut enquêter. »
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