« Notre père était un homme secret. Enfin, nous ne le connaissions sûrement pas assez. Nous, ses trois filles, vivions en périphérie de sa vie bien remplie entre son travail d'ingénieur en informatique, ses amis et ses passions », raconte Lycia Chambard. Comme ses sœurs Gaëlle et Estelle, la Lavalloise a eu le sentiment de découvrir son père après son décès, en mai 2022, à l'âge de 72 ans.
« Aucune de nous n'était jamais montée dans ce grenier »
La maison de famille est située dans un hameau perdu en Auvergne. « Le notaire nous a demandé l'acte de propriété de la maison, pour les démarches de succession. Nous ne l'avons pas trouvé alors nous sommes montées au grenier. Même enfant, aucune de nous trois n'y avait jamais pénétré. L'acte était finalement numérisé, et crypté, dans l'ordinateur de notre père. Mais dans le grenier, il y avait des tas de cartons qui portaient l'inscription "Stoëbel". Nous en avons descendu deux ou trois que nous n'avons pas ouverts tout de suite. Ma sœur est retournée et en a ramené une trentaine. Finalement on a tout descendu. Il y avait une centaine de pochettes et cartons qui contenaient des peintures à l'huile, aquarelles, dessins, croquis. Nous avons contacté un expert parisien qui nous a dit que c'était une belle collection. On nous a proposé de les vendre à l'hôtel Drouot. On s'est d'abord partagé quelques œuvres selon nos goûts. Puis on s'est dit que nous étions en train de sombrer dans un luxe ridicule à nous partager des Stoëbel, alors on a tout remis en commun et on a entreposé la collection à l'abri. »
Lycia se souvient qu'il y a une dizaine d'années, son père lui avait offert un beau livre sur Stoëbel. « C'est avec ce livre que j'ai découvert le peintre. Aujourd'hui, je pense qu'il y avait une raison à ce cadeau. J'ai proposé à mes sœurs de faire vivre la collection. » Les trois héritières s'entendent : l'une gérera la maison de famille, une autre la cave - qui compte des centaines de bouteilles car le défunt Auvergnat était amateur d'art et de vin -, et Lycia le fonds Stoëbel.
Laval héritage Edgar Stoëbel peintre Lycia Chambard grenier août 2023 - Fred Martin
Un catalogue
D'abord musicien, Edgar Stoëbel s'est investi après guerre dans la peinture. Il est de la bande de Montmartre avec les Henri Goetz, Pierre Loeb, Meyer Lazar et autre Picasso. Il fut très prolifique jusqu'à sa mort en 2001, en explorant de nombreux styles, dont sa Figurasynthèse. Cette large production liée à une faible promotion fait que sa cote est assez basse malgré un talent certain. À la mort du peintre, son fonds a été divisé en trois, dont une collection privée de 4 800 pièces. Un des autres acquéreurs fut le père de Lycia.
« Dans mes recherches, j'ai rencontré des éditeurs de catalogues, des commissaires-priseurs, des galeristes, des conservateurs de musées dont la directrice des musées de Laval. J'ai aussi contacté un ami de Stoëbel, qui m'a fait rencontrer sa fille Rachel Teboul. » Celle qui a découvert le jargon et les ficelles du marché de l'art entreprend d'éditer un catalogue de sa collection, via l'association Edgar Stoëbel qu'elle a créée avec ses sœurs. Des photographes bénévoles ont permis la réalisation de ce chantier. « Nous n'avons pas pu utiliser de nomenclature chronologique car seulement quatre de ses œuvres sont datées. Et comme il passait d'un style à l'autre... Les œuvres sont donc répertoriées par format. »
L'objectif de l'association est de montrer la collection, la faire circuler et rayonner. « Elle peut illustrer plusieurs thèmes tellement les sujets d'inspiration du peintre étaient vastes. » Une première exposition est prévue en mai 2024 dans la salle des pas perdu du Château-Neuf.
Contact : association.edgarstoebel@gmail.com
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