Comment se déroulent les moissons ?
Ça s'était bien engagé puisque tout était arrivé à maturité tranquillement. On a commencé les orges le 10 juillet avec un avantage : notre clientèle n'est pas concentrée sur deux communes, elle est très élargie, donc tous les secteurs n'arrivent pas à maturité en même temps, ce qui fait que c'est facile à gérer. On pensait qu'au 25 juillet, il n'y aurait plus rien dans les champs. Mais on s'est retrouvé avec de la pluie au mauvais moment. On ne pouvait pas moissonner de bonne heure ni de nuit, on n'a donc pas pu avancer dans nos secteurs précoces. On s'est retrouvés bloqués par la pluie, comme tout le monde, dans la nuit du 22 au 23. On a dû arrêter à 3h30.
Quelles sont les conséquences de cet arrêt ?
Le blé va perdre en qualité, le poids spécifique va descendre. Si ça se limite à ça, ce sera déjà pas mal. Et s'il ne tombe pas par terre et ne se verse pas, ce sera bien aussi. Les pailles vont diminuer en qualité et en volume. J'espère qu'elle ne va pas pourrir dans les champs. De toute façon, on ne peut rien faire d'autre. On a de la chance, on n'a pas de versés (du blé couché) dans notre clientèle. Et puis on avait réussi à servir pratiquement tous nos clients comme ils ont demandé, donc ils ne sont pas trop mal servis. Je n'ai aucun client qui n'a rien de fait mais il nous manque une journée de travail à sept machines. Et on ne fera pas tout en une journée car il ne va pas faire 40° pendant trois jours partout, et ce ne sont pas les mêmes cultures : il nous reste du blé, du triticale et un petit peu de colza et des pois.
Mais je sais, pour avoir côtoyé pas mal d'entrepreneurs ou de gars qui ont des machines, qu'il y en a pour qui ça va être beaucoup plus compliqué. Pour certains, il leur faudra au moins trois jours de travail pleins. Si ça se trouve on va être sollicités pour aller donner des coups de main à des collègues, c'est pratiquement sûr. Ceux à qui il va falloir une petite semaine, ça va être compliqué je pense. C'est devenu une moisson compliquée alors qu'elle était bien engagée.
Avant que la pluie ne s'invite, c'était une belle année ?
Ah oui ! C'est une belle année en orge. On a fait 85 à 100 quintaux par hectare. Je pense que c'est mieux que l'année dernière. Et les blés, ce n'était pas forcément mieux mais ils étaient plus homogènes, c'est-à-dire qu'on n'a pas eu de catastrophe. L'année dernière, on a eu des pics de gros rendements mais cette année on a eu de bons rendements. En colza aussi : 40-45 quintaux, sans problème.
La pluie a aussi des avantages ?
Oui, c'est un super avantage pour les prairies et surtout pour le maïs. Et la production laitière dépend du maïs, ici. C'est pour ça que ce n'est pas une catastrophe en-soi mais il serait temps qu'on finisse de moissonner. La catastrophe, ce serait une averse de grêle, ce qu'on n'a pas encore eu, et espérons que ça ne vienne pas. La catastrophe, ce serait aussi que le temps reste comme ça pendant trois semaines.
Et les prévisions météo ?
On attend. Mais a priori, cette semaine, c'est râpé. En espérant que ça aille vite parce que les salariés vont aller en vacances.
On lui annonce qu'il y aurait une fenêtre de tir lundi, mais lundi dans deux semaines...
Oh la vache ! Les ouvriers vont commencer à poser des vacances milieu, fin août, ce qui paraissait logique.
Ce sont des événements réguliers ?
L'année dernière, on crevait de chaud. On a été obligés d'arrêter de moissonner l'après-midi. Mais ça ne nous dérangeait pas parce que la nuit il faisait beau, donc on descendait les hectares. Tout le monde s'est bien adapté à ça mais c'est plus difficile quand il pleut tous les jours parce qu'on ne peut rien faire.
Quelles sont vos activités actuellement ?
On finit de réviser nos ensileuses, on fait du terrassement, on fait du fumier et du lisier entre les averses, et puis c'est tout. Que voulez-vous qu'on fasse ?
Quelles sont les méthodes mises en place pour étaler les moissons ?
En fonction des variétés, des types de sols, des parcellaires - sachant qu'ils ont des champs de plus en plus loin de leur site -, les agris essaient d'étaler leurs moissons parce qu'il ne s'agit pas que de moissonner et de faire tomber 70 hectares de blé comme ça. L'agriculteur, derrière, il faut qu'il gère ses pailles. Comme là, les pailles qui n'ont pas été pressées derrière nous, ce n'est plus de la paille qui va être récoltée. Le jour de pluie, j'ai proposé une machine à un voisin d'un client et le gars m'a dit non car il allait être débordé de paille. Il a préféré laisser son blé prendre l'eau plutôt que d'étaler 40 hectares de pailles.
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