« On dit souvent qu'on est comme les organisateurs des mariages : on vit le moment mais on ne profite jamais. Tu organises pour tout le monde mais tu es celui qui ne danse pas, qui ne chante pas. » André Vanderlei est un entraîneur atypique dans le monde du sport mayennais. Atypique de par sa posture d'ancien grand joueur, sa personnalité et son amour pour le futsal. Sa vie est rythmée autour du sport dont il est encore l'actuel meilleur buteur de l'histoire de la Ligue des champions.
Jour et nuit, il travaille pour rendre son équipe meilleure, une équipe qu'il a menée jusqu'au sommet de la D1. « Le seul moment où je ne pense pas au futsal, c'est quand je dors, avoue-t-il. Tu cogites tout le temps, tu dois anticiper les choses. Je travaille de 8h à minuit et quand je rentre, je me mets devant l'ordinateur à chercher des informations, penser... Ce sont des heures que je ne compte plus. »
Le rythme de vie de l'entraîneur des Stellistes en est même totalement déréglé. Il s'en amuse : « Je vois le soleil qui se couche ou la matinée qui arrive et je ne sais pas quelle heure il est pour manger. » Son sommeil est aussi impacté : « Parfois je me réveille la nuit. C'est comme les musiciens qui créent une chanson. Nous, c'est pareil lorsqu'on cherche des schémas, des solutions pour l'équipe... »
« On paie un prix cher »
Depuis son arrivée à l'Étoile lavalloise en 2016, André Vanderlei a tout mis en place pour que l'équipe mayennaise accède à la D1 et réalise le doublé coupe-championnat comme en juin dernier. Quitte à devoir laisser sa vie personnelle et familiale de côté. « C'est une habitude qui est installée pour ma famille. J'ai une grande fille de 25 ans. Quand je jouais, je ne l'ai pas vue grandir. Et la petite, je la dépose à l'école, je la vois quand elle va dormir. Je pense qu'en tant qu'entraîneur, on paie un prix cher du fait d'être tellement investi. »
Pour autant, celui qui est né à Olinda, au Brésil, ne s'en plaint jamais et fait partie de ces personnes toujours souriantes et positives. « Je suis quelqu'un de très fort mentalement, lance-t-il. Dans les moments les plus difficiles, j'ai toujours le sourire et une pensée pour d'où je viens. Il y a eu tellement de sacrifices et d'abnégation pour y arriver que je cherche à me dépasser encore plus et à rester positif. »
" Même pendant le match, ça m'arrive de pleurer."
Jovial et très expressif, l'entraîneur de l'Étoile lavalloise met parfois son sourire de côté pour laisser place aux larmes. « Ma vie est nourrie par les émotions, glisse-t-il. Je me mets à pleurer parfois même en conduisant, quand je pense à des choses. »
Pleurer : signe de faiblesse pour certains, mais André Vanderlei voit les choses différemment : « Même pendant le match, ça m'arrive de pleurer. C'est la vie quotidienne et l'histoire de chaque joueur que je rencontre dans la vie sportive qui me tient à cœur. Ma seule joie, c'est de voir le sourire à travers les gens. Le bonheur des gens me nourrit. »
Si, comme chaque entraîneur, il est confronté à une lourde charge mentale, l'entraîneur belgo-brésilien s'en sert pour la transformer en force. « Je prends les petits détails, à travers la souffrance des gens, dans la difficulté ou dans le bonheur, et transforme tout ça en énergie positive. »
André Vanderlei a été élu meilleur entraîneur de futsal en D1 la saison dernière. - Simon Courteille
Pour l'entraîneur lavallois, les jours de match sont aussi une source d'épuisement mental. Sur son banc, il est toujours en action avec une énergie débordante pour féliciter ses joueurs, donner des consignes, parfois aussi pour râler auprès des arbitres. « À la fin des matchs, pour mon corps, c'est comme si je finissais le marathon. Alors oui, mentalement, c'est pesant », lâche-t-il. À tel point qu'il ne peut même pas conduire pour rentrer chez lui. « En déplacement, ils ne me laissent pas conduire le minibus parce qu'ils savent que je vais m'endormir, c'est plus fort que moi. Je suis tellement épuisé, toute mon énergie est consommée pendant le match. »
Pourtant, André Vanderlei le sait : il ne lâcherait pour rien au monde son métier d'entraîneur. « Quand tu commences, tu ne veux plus que ça s'arrête. Si un jour ça s'arrête, je dis souvent à mes proches que je tomberai en dépression. »
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