« La seule reconnaissance que peut avoir le formateur, c'est de voir un garçon sortir du banc, gratter des minutes en professionnel et petit à petit s'y installer. Il ne faut pas faire ce métier pour avoir de la reconnaissance. » Sébastien Desmazeau compte plus de 25 années d'expérience dans le football. Des poussins aux benjamins jusqu'aux Seniors quand il était à Poitiers et à la N2 lors de sa saison à Reims, l'homme de 50 ans à tout connu. Il a notamment lancé Nicolas Pépé (aujourd'hui à Arsenal) en Séniors lorsqu'il avait seulement 17 ans, à Poitiers, ou fait grimper Hugo Ekitike (aujourd'hui au PSG) des U17 aux U19. Derniers joueurs en date à être passé dans l'équipe de Sébastien Desmazeau puis chez les professionnels : Noa Mupemba, Bamo Meïté ou encore Dembo Sylla. Le maillot de ce dernier, recruté par Lorient cet été, est d'ailleurs gracieusement accroché sur un cintre dans le bureau de son dernier formateur.
Pour autant, si la formation de joueurs est primordiale pour l'avenir d'un club, que ce soit sportivement ou financièrement, les différents formateurs n'ont bien souvent pas la reconnaissance effective du grand public, « hormis à la limite si tu finis 1er du championnat ».
Depuis son arrivée à Laval il y a quatre ans, Sébastien Desmazeau est passé par les U19, la N3 et l'équipe professionnelle. Avec à chaque fois beaucoup de réussite. Depuis la Covid, l'équipe réserve du Stade lavallois reste sur deux saisons abouties. L'une terminée à la 3e place, l'autre, l'année dernière, en 5e position, son équipe ayant enchaîné neuf matchs sans défaite entre janvier et avril. Alors, le formateur lavallois à la culture de la gagne bien ancrée a été appelé en renfort lorsque l'équipe qui évolue en Ligue 2 restait sur sept défaites consécutives. Une nouvelle dynamique a été insufflée et les Lavallois ont glané in extremis leur maintien.
Depuis, il a notamment fait venir au club William Benard qui reste sur deux entrées en jeu en professionnel. « Quand j'ai appris qu'il était libre, je me suis tout de suite mis dessus. Olivier (Frapolli) m'a fait confiance. Je ne l'ai pas pris pour la N3. Pour moi, il va jouer en Ligue 2. Tout ce travail, personne ne le voit », glisse le formateur.
Une quarantaine de joueurs
Ce samedi 26 août, Sébastien Desmazeau retrouvera le banc de l'équipe réserve à l'occasion de la réception de La Châtaigneraie. Toute la saison, il devra tirer le meilleur d'une quarantaine de joueurs différents. Parmi eux, il y a ceux qui sont attendus en National 3 mais aussi les U19 pointant le bout de leur nez ou encore les professionnels qui ne jouent pas le week-end. « Le défi de l'entraîneur de l'équipe réserve, c'est de trouver du liant avec des garçons qui ne s'entraîneront peut-être jamais ensemble. Il faut réussir à trouver un langage commun sur l'espace d'une veille de match, d'une causerie, d'une mi-temps, pour livrer la meilleure prestation possible, explique Sébastien Desmazeau. Moi, ce que je dois évaluer chez les jeunes, c'est la marge de progression. Ici, ce qu'on fait, c'est qu'on allume les joueurs pour qu'il soit mis en lumière, c'est le rôle de la post-formation. »
Pour la grande majorité de ses joueurs, un seul objectif ressort : goûter au monde professionnel et y rester. « J'ai l'impression que je suis un entremetteur. En National 3, tu es entre les jeunes et les pros. Ici, il se passe un peu de tout. On a de la formation en circuit long (Dembo Sylla) ou en circuit court (Bamo Meïté). Chaque joueur est différent, le canal de communication est important. Il faut se débroussailler la tête toutes les semaines. Parfois, tu vas avoir pendant trois matchs la même équipe, puis ça va changer de joueurs. »
Malgré cela, c'est « cette part d'inconnu », qui anime chaque jour l'entraîneur tango. « J'ai appris à l'apprivoiser. J'aime voir un joueur qu'on a pris là, et qu'on emmène là », explique-t-il en plaçant ses bras du bas vers le haut.
La tentation du monde professionnel
Comme chacun des jeunes qu'il entraîne, Sébastien Desmazeau aspire désormais lui aussi au monde professionnel. « J'ai besoin d'autre chose. Le haut niveau, l'incertitude, l'adrénaline me manquent », avoue celui qui a participé à toute une saison en tant qu'adjoint d'Olivier Frapolli lors de la période Covid. « Quand tu es là-haut, tu touches vraiment la finalité. J'ai 50 ans, est-ce que je veux rester comme ça, à m'éclater tous les jours sur le terrain avec des jeunes, à parfaire tout en ayant ce manque ?... Ça met l'eau à la bouche. »
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