Un tragique accident de la route survenu le 23 juillet 2022 à Vautorte avait provoqué la mort de deux personnes. Le prévenu, jugé ce jeudi 7 septembre au tribunal de Laval, est un homme originaire de Moldavie, incarcéré depuis les faits et poursuivi pour homicide involontaire. L'alcool est encore au cœur de ce procès, puisque l'auteur de l'accident sera testé avec 2,90 grammes d'alcool dans le sang.
Il roule à gauche pendant 5 km
Quelque temps avant ce drame, une conductrice va remarquer un véhicule Volkswagen faisant un demi-tour dangereux dans un chemin et qui repart en zigzaguant sur la route ; un peu plus loin, la voiture, de plus en plus incontrôlée, va prendre une intersection dans le mauvais sens et se mettre à rouler sur la gauche de la route pendant 5 km. La femme, affolée par le désastre qui s'annonce, téléphone à la gendarmerie qui lui demande de s'approcher du chauffard pour relever sa plaque d'immatriculation.
La présidente relit le dialogue qu'elle a eu avec le gendarme jusqu'au moment où les phares d'une voiture apparaissent en face et que les deux voitures rentrent en collision. La conductrice est présente au tribunal et l'on ressent toute son émotion à l'évocation de ce moment à jamais inscrit dans sa mémoire. Elle a pourtant tout fait : appels de phares et coups de klaxons, mais elle avait l'impression que le chauffard allait de plus en plus vite. Dans le véhicule d'en face, un couple va mourir sur le coup, laissant orphelins quatre enfants dont deux mineures.
Tous les témoins ont remarqué l'état alcoolique du conducteur moldave et les gendarmes retrouvent sur les sièges une bouteille de whisky pratiquement vide.
Il fait face aux enfants des victimes
Le prévenu est aidé d'un interprète et apparaît très marqué. Il fait face aux enfants des victimes et à la personne qui les a recueillis et aidés à régler tous les problèmes administratifs et financiers s'ajoutant au deuil. L'une des filles puis l'amie de ses parents vont venir exprimer tout leur chagrin à la barre et expliquer qu'ils n'auront plus jamais de réunion de famille, ni de foyer où se retrouver.
En face, la femme du prévenu est présente pour le soutenir, comme elle le fait en allant le visiter en prison chaque semaine avec leurs enfants. Pourquoi a-t-il autant bu ce soir-là, lui qui ne consomme que rarement de l'alcool ? Peut-être parce que son épouse lui avait confié son désir de retourner en Moldavie alors que lui ne le souhaitait pas.
Le mis en cause est fermé ; il avoue en sanglotant penser à cette famille tous les jours. Pressé de questions par la présidente, il ne reconnaît avoir bu que deux verres et ne comprend pas le taux d'alcool relevé dans les analyses.
La procureure s'exprime pour la première fois devant le tribunal de Laval. Elle dit avoir attendu une reconnaissance des faits qui n'est pas venue. La magistrate insiste sur l'aggravation de l'homicide involontaire du fait de l'alcool consommé.
Quatre ans de prison ferme
Maître Stepniewski, pour la défense, rappelle que l'audience n'est pas faite pour exprimer la haine. Il décrit le prévenu comme un réfugié politique au passé trouble mais qui n'a en aucun cas le profil d'un alcoolique.
La peine prononcée est presque aussi lourde que celle requise par le parquet : 5 ans de prison dont un an avec sursis, avec maintien en détention. L'homme devra indemniser les victimes, se faire soigner et son permis est retiré pour 4 ans.
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