Que représente l'aide des Restos du cœur en Mayenne ?
Nous comptons 3 700 personnes soutenues, soit une hausse de 20,7 % par rapport à 2022. Cette situation est due à la crise économique.
Les Restos du cœur ont besoin de 35 millions d'euros pour être à l'équilibre en 2023. Quel est l'impact de cette crise budgétaire sur l'antenne mayennaise ?
L'approvisionnement des Restos au niveau national, dont on profite directement, se fait par deux voies essentielles : le Fonds social européen (FSE) et les achats grands comptes réalisés auprès de grandes centrales. Ces achats étaient basés, au départ, sur une inflation estimée à maximum 8 %. Le problème, c'est qu'on est à 15-20 %.
De plus, l'augmentation du nombre de bénéficiaires était évaluée à 15 %, et on est plutôt de l'ordre, au niveau national, de 30-35 %. Ces deux facteurs conjugués créent un problème budgétaire, sans compter les frais de fonctionnement classiques. Si on continue sur le même rythme, dans deux ans on met la clé sous la porte.
En Mayenne, nous recevons des denrées issues du FSE et des grands comptes. Le temps que les contrats soient renégociés, nous avons moins de quantités et des denrées moins variées.
Et localement ?
Il y a le problème de la ramasse des invendus, quand on fait le tour des supermarchés et producteurs chaque semaine. Elle s'est effondrée. Cette ramasse s'effectuait à J-4, ce qui laissait le temps en quatre jours de redistribuer dans nos centres. Mais les supermarchés font maintenant des bacs à prix cassés à J-1 de la date de péremption. Pour le centre de Mayenne, cela représente 50 % de la ramasse qui s'est effondrée.
Qu'en est-il des personnes soutenues ?
En début de saison (été ou hiver), nos inscripteurs analysent, avec les personnes, les dépenses et recettes du foyer. Tout est rentré dans un logiciel national qui dit si la personne est éligible ou pas. On savait ainsi à peu près le volume de ce qu'il nous fallait prévoir. Mais depuis le début de l'année 2022, chaque semaine, des gens nouveaux arrivent.
« Le but sera toujours de donner à un maximum de personnes »
La situation peut-elle s'inverser ?
Les dons actuels peuvent éponger le déficit de cette année. Mais si nous ne prenons pas de mesures, nous allons recréer un autre déficit en 2024. Il va falloir la jouer plus serré pour préserver au maximum les gens : soit on réduit le volume des denrées distribuées, soit on durcit l'éligibilité. Ou on fait un mix des deux. Le but restera de donner à un maximum de personnes. De plus en plus de familles monoparentales, de travailleurs pauvres - j'entends par là, qui n'ont pas assez d'heures -, de jeunes de 18 à 30 ans, de retraités, ou de personnes en situation d'invalidité viennent nous voir.
Comment pouvez-vous agir à votre échelle ?
Nous lançons un appel aux dons libellés à l'Association départementale des Restos du cœur de la Mayenne. J'espère aussi des dons de producteurs alimentaires. Et je serai infiniment heureux si les directeurs de grandes surfaces pouvaient infléchir leurs décisions pour augmenter la ramasse.
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