En cette nuit du 7 au 8 avril 2020, à Laval, un homme est retrouvé mort aux abords du viaduc. Aucune trace de blessure n'est relevée sur son corps, mais l'autopsie conclut à un décès par suite d'absorption de fentanyl, une drogue à propriété analgésique opioïde. Les relevés téléphoniques de son téléphone restituent des échanges avec un ressortissant issu de la communauté russe dont il faisait lui aussi partie. Ce dernier lui aurait fourni le médicament dont les effets sont cent fois plus puissants que la morphine.
Le produit récupéré à Saint-Brieuc
L'homme se retrouve à la barre du tribunal de Laval ce jeudi 14 septembre. Il est accompagné d'une interprète. Âgé de 49 ans, il nie tout en bloc. Pourtant, la présidente va relire les trois traductions effectuées des échanges téléphoniques entre les deux hommes. Dans celles-ci, le prévenu adresse tout d'abord la photo d'une boîte de fentanyl et indique à son interlocuteur qu'il pourra trouver ce qu'il recherche sous un tapis de sol dans le coffre de son véhicule Peugeot. On comprend par ailleurs que le " médicament " a été récupéré à Saint-Brieuc.
Le prévenu répond aux questions de la présidente en justifiant son voyage à Saint-Brieuc pour l'achat d'une voiture. Quant à la boîte de drogue, ce n'était qu'une boîte vide faite pour calmer son interlocuteur. Le mis en cause continue de s'exonérer en affirmant n'avoir laissé que des cigarettes dans le coffre de sa voiture.
"Imprudent"
Le tribunal avoue n'avoir que peu d'éléments sur le passé du prévenu. Il est arrivé en France en 2012 en tant que réfugié politique et n'aurait qu'une seule condamnation pour violences aggravées
La procureure s'interroge sur la manière dont il faut juger un suspect qui n'admet pas sa responsabilité. La magistrate trouve un faisceau d'indices dans les éléments de l'enquête. Comme elle l'indique, certes il ne voulait pas le décès, mais il s'est montré imprudent en fournissant ce médicament. Après avoir relevé les incohérences dans les déclarations fournies, le parquet réclame une peine de 4 ans de prison dont 3 avec sursis.
"On prend certains éléments et pas les autres"
Pour Maître Barreau, l'enquête est bancale : " On prend certains éléments et pas les autres." L'avocat de la défense revient sur les horaires du voyage à Saint-Brieuc et en démontre les incohérences. Le plaideur ne trouve aucune preuve matérielle dans le dossier. Son client n'est pas connu pour trafic de drogue et cela fait quatre fois qu'il se présente au tribunal alors qu'il aurait pu repartir en Russie. Pour toutes ces raisons, Maître Barreau demande la relaxe.
Le tribunal suit le souhait de l'avocat en relaxant le mis en cause pour l'acquisition et le transport de drogue mais le condamne à 2 ans de prison dont un an ferme pour l'homicide involontaire puisque l'homme " a transmis toutes les indications pour remettre les produits". La partie ferme de la sanction pourra être effectuée à l'aide d'un bracelet et les magistrats prononcent aussi des obligations de soin, de travail et de formation.
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