Les querelles et les haines successorales ne sont pas rares mais celle évoquée ce jeudi 28 septembre au tribunal de Laval prend une tournure dangereuse pour les protagonistes. Un frère est à la barre et poursuivi pour harcèlement moral d'une personne et propos ou comportements répétés ayant pour objet ou effet d'une dégradation des conditions de vie altérant la santé. Derrière lui, son frère et sa sœur ont porté plainte contre celui qui ne cesse de les insulter et qui leur pourrit la vie. Le prévenu a acheté il y a une vingtaine d'années la maison de ses parents à Andouillé et se retrouve, à la mort de ceux-ci, en indivision avec son frère et sa sœur pour le surplus des bâtiments. Il n'a aucun terrain jouxtant son habitation et doit faire valoir son droit de passage.
"Il n'est pas fou, mais pas loin"
L'homme âgé de 73 ans est énarque et a fait une carrière de haut fonctionnaire. C'est sans doute ce qui lui permet de citer articles et éléments juridiques durant ses échanges avec la présidente. Il ne peut nier les nombreuses injures proférées puisque celles-ci ont été enregistrées par les victimes. Il déclare par contre ne pas avoir publié de caricatures dégradantes à l'égard de sa sœur comparée sur la toile à Tatie Danielle, et il explique que ce sont eux qui ont cru se reconnaître dans ces dessins.
Les voisins appelés à témoigner décrivent un homme difficile : "Je ne vais pas dire qu'il est fou mais pas loin", dit l'un ; "Il n'a jamais été simple. Il a fait l'ENA et se sent supérieur à tout le monde", dit l'autre.
Agressif avec la gendarme
Les divers intervenants extérieurs pour l'entretien ou pour la location des biens préfèrent se retirer plutôt que d'avoir des ennuis. Personne ne reconnaît de violence physique, mais le septuagénaire traîne le frère et la sœur vers le bas avec des insultes scatologiques ou sexuelles et considère son frère comme inculte. Il est aussi coutumier de recours devant les juridictions, mais celles-ci le déboutent de ses actions. Pendant son audition à la gendarmerie, le prévenu fait preuve de mutisme et se montre même agressif avec la gendarme chargée de l'interrogatoire.
L'énarque est très vindicatif face aux questions de la présidente, et tente de longues argumentations auxquelles la magistrate met rapidement fin. Le mis en cause a fait citer trois témoins qui sont sa femme, son fils et sa belle-fille. Ceux-ci décrivent un homme terriblement affecté par les évènements et sombrant dans un état dépressif.
Les avocates des deux parties civiles remettent les choses à leurs places et rappellent que monsieur est à l'origine des faits. Maitre Mage déclare : "À la fin on est dans le dégoût." Tandis que Maitre Cochard remarque que l'énarque a traité son frère de "gogol qui ne sait pas lire".
Des séquelles
Le parquet reconnaît que le harcèlement est dans l'actualité mais se montre étonné qu'un "intellectuel" de cet âge se laisse aller à de telles brimades ou insultes. Les rapports médicaux ont montré les séquelles des victimes. La procureure décrit un prévenu en situation de quérulence.
La parole est donnée en dernier au septuagénaire qui, n'ayant pas de défenseur, évoque une possibilité de recours devant la Cour européenne de justice.
Le tribunal prononce une peine de 10 mois de prison avec sursis probatoire pendant 24 mois. Les magistrats y ajoutent une obligation de soins, une interdiction de rentrer en contact avec les victimes hors la présence d'un notaire ou de la justice. Il lui faudra enfin indemniser les victimes.
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