Quel est l'écart des salaires entre femmes et hommes en France aujourd'hui ?
Il est équivalent à 25 %.
Comment l'expliquer et surtout comment le réduire ?
Il est lié à des préjugés de genre, sur lesquels la société et les entreprises doivent bien sûr travailler, mais aussi au fait que les femmes osent moins négocier leur salaire que les hommes.
Pourquoi ?
C'est lié à l'éducation. Même si ce n'est pas conscient, elles se sentent moins légitimes à demander. Les jeunes hommes se posent moins de questions et négocient leur salaire dès le début de leur carrière, donc l'écart se creuse.
Vous proposez des ateliers pour « outiller » les femmes dans cette négociation. Dans quel cadre sont-ils organisés ?
Dans le cadre du dispositif #NégoTraining créé par la Chaire de recherche RSE de l'école de commerce Audencia à Nantes. En 2018, alors que j'habitais à Nantes, j'ai moi-même participé à un atelier. À la fin, l'animatrice propose systématiquement aux participantes de devenir formatrice bénévole à leur tour.
Lorsque je me suis installée en Mayenne, j'ai constaté qu'il n'existait rien sur le sujet donc je me suis lancée. Je me suis formée au dispositif puis je me suis rapprochée du Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), de la Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) et de la mairie de Laval pour l'organisation.
J'ai animé mon premier atelier fin 2020 et depuis j'ai accompagné une soixantaine de femmes.
En quoi consiste cet atelier ?
C'est un atelier collectif de trois heures, gratuit, destiné uniquement aux femmes, qu'elles soient étudiantes, jeunes diplômées, en emploi, en reconversion, en recherche… On est au maximum 14 par session. C'est confidentiel, les participantes donnent juste leur prénom et le métier qu'elles exercent.
Je leur explique d'abord ce qu'est la négociation : elle comprend certes le salaire mais aussi la rémunération variable, la flexibilité du temps de travail, les avantages en nature, l'accès à la formation…
On travaille sur la confiance, on va chercher à effacer ce syndrome de l'imposteur qui freine les femmes.
Puis je leur présente des outils concrets pour réussir sa négociation : quel est le bon moment ? Quels arguments mettre en avant ? Qu'est-ce que j'apporte à l'entreprise : mes savoir-faire et savoir-être ? On fait aussi des jeux de rôle. C'est assez ludique et convivial.
J'observe que les participantes trouvent dans cet atelier un moyen de se rebooster professionnellement mais aussi de se demander : pour qui j'ai envie de travailler ?
Avez-vous des retours de femmes qui ont participé à l'un de vos ateliers ?
Pas moi directement, mais les participantes répondent à un sondage d'Audencia après la formation, six mois et un an plus tard pour documenter leur travail de recherche. Au niveau national, 5 000 femmes ont déjà bénéficié d'un atelier.
Prochains ateliers : samedi 21 octobre et samedi 2 décembre, atelier #NegoTraining de 9h à 12h à la Maison des associations, 17, rue Rastatt, à Laval. Inscription obligatoire avant le 16 octobre pour le premier atelier sur : https://negotraining.org/villes. Pour celles qui ne peuvent pas participer, une version en ligne de la formation est disponible.
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