Mayenne. Le directeur académique Denis Waleckx quitte ses fonctions : « On a porté une ambition commune pour nos jeunes »

Denis Waleckx est arrivé en février 2016 en Mayenne, en tant que directeur académique. À l'heure de la retraite, le professeur de musique dresse le bilan des sept dernières années.

Que retiendrez-vous de votre passage en Mayenne ?

Je pense que j'ai réussi à bâtir des relations de confiance avec les élus du territoire et les autres services de l'État. On sait comment je travaille. Je retiendrai la convention ruralité signée en 2018 avec les élus, la CAF, la MSA, etc. Je me suis engagé à ce qu'on pense ensemble la baisse démographique du territoire. En dix ans, on a perdu 5 000 élèves. Soit on ne fait rien et tout le monde perd, soit on réfléchit ensemble comment on peut rationaliser le réseau scolaire. C'était assez innovant. Il s'agissait de maintenir une offre de proximité. On a fermé des sites parce que nos élèves ne peuvent pas être assignés à résidence. Cela dans une démarche pluriannuelle, en repoussant des fermetures, pour que ça soit le moins brutal et le plus intelligent possible. Le taux d'encadrement a également été amélioré. On a porté une ambition commune pour nos jeunes.

Cette convention a aussi pour objectif de montrer le talent éducatif du territoire. Le Dasen se préoccupe aussi de ce qui est hors scolaire, par exemple les réseaux acteurs jeunesse. En Mayenne, on a l'habitude de la jouer collectif. Je ne m'attribue pas tout ça, il y avait les prémisses à mon arrivée, je n'ai fait que surfer sur la vague et la renforcer. Cette dynamique va perdurer. Je viens de passer une semaine avec la personne qui va me succéder, Brigitte Lacoste.

Comment avez-vous vu évoluer la prise en compte du harcèlement scolaire ?

Il a toujours existé. Maintenant, on le définit mieux, on sait mieux le traiter et on s'aperçoit de sa complexité. Avant on disait presque que ça faisait partie de l'éducation de l'enfant. J'ai vu les langues se délier. Le harcèlement est devenu un délit. Beaucoup de situations commencent dès le primaire ou au début du collège. Aujourd'hui, le protocole pHARe est généralisé. Il faut être vigilant constamment et savoir lire les signaux faibles pour être dans la prévention et que ça ne devienne pas du harcèlement. Le combat ne sera jamais complètement gagné, mais nos enseignants doivent mieux prendre en compte la parole des élèves et détecter leur souffrance. On va de mieux en mieux répondre à cette problématique. Je rends hommage aux enseignants, qui sont formés.

Et l'inclusion scolaire ?

Je crois que ça prend le bon chemin. Ça a mis du temps à se mettre en œuvre, mais finalement ça fonctionne. On manque encore d'AESH par-ci par-là. Dire ça peut paraître un peu léger, mais on sait que les professeurs ont peut-être utilisé le seul accompagnement humain comme réponse au handicap. Certains en ont besoin, mais cet accompagnement humain devrait plutôt aller decrescendo pour aboutir à une société véritablement inclusive.

En Mayenne, 2 600 élèves sont concernés. Avant, ils étaient aux portes de l'école. Il faut maintenant trouver la meilleure manière de les accompagner, avoir une vision ambitieuse pour tous, trouver la juste compensation et multiplier les modalités d'accès au savoir. Pour les professeurs, c'est aussi une complexité, cela demande de la formation pour voir les besoins des élèves.

Les Pôles inclusifs d'accompagnement localisés (Pial) vont a priori être transformés en Pôles d'appuis à la scolarité. Des professeurs spécialisés vont aider les enseignants à trouver le bon aménagement.

De nombreux établissements scolaires ont été la cible de menaces ces derniers jours. Quel regard portez-vous à ce propos ?

Je trouve ça attristant. Il y a peut-être des gens qui ne se rendent pas compte, qui s'amusent. C'est quand même un amusement assez malsain. Il y a de la crainte. Je me suis rendu dans un établissement vendredi dernier, il y avait une trentaine d'enfants qui avaient besoin de parler, certains étaient en pleurs. C'est irresponsable. Il y a peut-être aussi des gens malintentionnés. Tout ça, c'est de l'argent public finalement. Les enfants n'ont pas eu cours pendant une matinée, on a mobilisé des personnels, des forces de l'ordre. On ne peut pas exclure que certains aient la volonté de déstabiliser notre démocratie. Ce qui s'est passé à Arras a bouleversé tout le monde.