D'un coup, ses yeux se gorgent d'eau. Sa voix se casse. Mais aucune larme ne coule. Même lorsqu'elle craque, Isabelle Monot reste forte, comme depuis qu'elle a débarqué à Saint-Berthevin-la-Tannière en juillet 2022. Voilà une bonne vingtaine de minutes qu'elle se confie sur la fermeture de son restaurant, Le St Berth', « un échec professionnel ».
« Tout l'argent de l'héritage de ma maman y est passé », lâche celle qui était la gérante et la cheffe en cuisine. « J'ai demandé la liquidation judiciaire le 11 octobre… Pendant un an et demi, je ne me suis versé aucun salaire. » À côté de son fils Jeffrey, dans un décor que l'on pourrait qualifier de « chaumière chic », elle remonte les évènements.
Philippe Etchebest à la rescousse
L'installation en tant que « commerce multiservices » et les bons débuts jusqu'à octobre, novembre. Puis, « pas beaucoup de monde », trois, quatre mois difficiles et une grosse perte de chiffre d'affaires. « Je ne sais pas pourquoi on a perdu la clientèle... Peut-être sommes-nous trop loin du principal axe routier du coin, et il y a déjà des restaurants bien établis dessus. »
« Il y a aussi une désertification du village », remarque Jeffrey. Face aux difficultés, il avait tenté, en mars, la carte Cauchemar en cuisine, l'émission télévisée de M6, où le chef et meilleur ouvrier de France Philippe Etchebest vient au secours d'établissements en perdition. Si Le St Berth' n'offre pas les habituelles images d'arrière-boutiques délabrées, le cuistot girondin resserre les boulons au niveau de la gestion. Le duo mère-fils tente alors le pari de la formule bistronomique, à partir du 1er avril.
"C'était un rêve"
« On a eu un regain de clientèle pendant trois mois. La communauté anglaise a été d'un grand soutien. Certains venaient prendre des vidéos ou faire des reportages pour les publier sur Facebook ! » retrace Isabelle. Mais la fréquentation rechute. « On n'arrivait même pas à avoir dix couverts par semaine », se désespère Jeffrey.
La fin est inévitable. « Je suis triste et déçue », confie la gérante. « Triste car c'était un rêve, et déçue de la population. Nous avons été très mal accueillis. À notre arrivée, nous avions distribué environ 50 questionnaires pour savoir ce qu'attendaient les locaux de nous... Nous n'avons eu que huit retours. Et la mairie n'a pas aidé à la distribution. »
Juste avant notre entretien, une dame avait toqué à la porte du St Berth' : « Ça y est ? Vous partez ? ! » Et, contacté, le maire, Léonce Lagoutte, n'a pas souhaité réagir.
Pratique : Isabelle Monot a ouvert une cagnotte pour l'aider à lancer sa nouvelle vie, sur tinyurl.com/4vkpz8jb.
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