Do. Ré. Mi. Fa. Sol. La. Si. Les notes résonnent et sifflent longuement. À l'intérieur de l'orgue, à la fois gigantesque et étroit, Alain Boulais joue avec une barre plate, d'environ 20 centimètres. Avec, il baisse ou monte les tiges de métal qui sont collées aux 1 712 tuyaux de l'instrument qui a été inauguré il y a cent ans à l'église Saint-Martin de Mayenne.
Deux jours avant le week-end de célébration organisé par le presbytère local les 11 et 12 novembre, le facteur d'orgues accorde avec minutie ce que l'on pourrait qualifier de machine. "Celui-là, on doit s'en occuper deux fois par an, pose-t-il en pianotant sur les deux rangées de clavier et sur le pédalier à la recherche des notes muettes. D'abord à l'arrivée de l'été puis à celle de l'hiver."
Une fois à l'intérieur - on y entre comme dans une chambre par l'une des trois portes en bois installées sur le côté -, le Mayennais de 57 ans enlève l'un des tuyaux duquel le son ne s'échappe pas. Il l'astique avec une longue tige de métal puis le retourne. Quelques poussières tombent. "Ce sont des cochonneries qui tombent dedans avec le temps."
Une minutie poussée à l'extrême
Alain Boulais ne se contente pas de nettoyer la tuyauterie. Dans l'orgue, il s'attarde sur chaque rangée de tubes, plusieurs fois, une par registre (les différents jeux de l'instrument tels que la trompette ou le hautbois). Il y en a des petits, des grands, des moyens, des très grands… "La température influe sur les accords. En hiver, les notes sont plus basses car l'air monte moins vite."
Pour accorder tout cela, le facteur d'orgue doit serrer ou desserrer les jeux d'anches (base des tuyaux). Il y parvient en abaissant ou en remontant les rasettes, des tiges métalliques avec une tête en forme de capuchon dont le bas est entaillé. Par cette action, il joue sur la vibration d'une languette. Le tout donne le ton. À l'oreille, les notes saccadées s'harmonisent.
Pendant près de deux heures, il répète les mêmes gestes. "Je passe 20 minutes par rangée en moyenne." La minutie n'est pas seulement technique. Elle est aussi physique. Pas plus grand qu'un mètre soixante-quinze, Alain Boulais peut se faufiler dans chaque compartiment de la chambre de l'orgue.
"Il n'y a pas un orgue pareil"
Dans les deux premières, au niveau du piano, ne laisse qu'un espace d'une cinquantaine de centimètres pour évoluer le long des rangées de tuyaux… sous moins d'un mètre quatre-vingt. Juste au-dessus, une petite échelle en bois donne accès à une double plateforme. Sur celle du haut, le facteur évolue sur une planche sur laquelle il tient tout juste les deux pieds joints.
Après l'effort, Alain Boulais confie : "Il n'y a pas un orgue pareil. Ils sont tous uniques dans leur conception, y compris celui de Saint-Martin." À côté de lui, Patrick Grandin, organiste remplaçant de 63 ans, est aussi sous le coup de l'effort. Pendant que le facteur œuvrait, il devait tenir chaque note à la demande. "Sans lui, je dois poser des plombs sur le clavier. C'est bien plus fastidieux."
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