Cette troisième journée du procès d'assises concernant le meurtre de Pontmain, commis en avril 2020, est tout d'abord consacrée aux études psychologiques et aux enquêtes de personnalités.
Des enfances malheureuses
Le profil du plus jeune des accusés révèle une enfance malheureuse : un père toujours en prison, une mère qui l'abandonne, et l'enfant de 8 ans se retrouve dans la caravane de son oncle. Les experts ont décrit une "intelligence légèrement déficiente". Le jeune homme est immature mais sans trouble psychologique.
Le deuxième accusé a refusé les expertises psychologiques ordonnées pour ce procès et la cour se base alors sur les rapports des experts commis pour le crime dans l'est de la France et qui n'est pas encore jugé.
Le trentenaire, né de père inconnu, a eu une enfance similaire à celle de son coaccusé : sa mère le maltraite et, dès l'âge de 13 ans, il doit voler pour faire vivre la famille. Il est décrit comme impulsif, intelligent et sans carence psychologique.
Voler, "c'est naturel pour moi"
Le procès se poursuit par l'interrogatoire des deux mis en cause pour tout d'abord évoquer leurs parcours de vie jusqu'au drame de Pontmain. Le plus jeune s'exprime de manière saccadée et spontanément ; l'aîné, lui, parle d'abord, de façon claire et intelligente. Il indique qu'il a toujours volé : "C'est naturel pour moi." Mais la machine s'embrouille petit à petit. "On a du mal à suivre votre raisonnement", lui lance le président. S'ensuit alors la longue énumération de ses 17 condamnations, que l'accusé reconnaît sans problème, parfois même avec une pointe de défiance. Il regrette de n'avoir jamais été condamné à la prison, qui lui aurait permis de réfléchir.
Il avoue avoir mis le feu à la maison
Après une interruption, le procès reprend et l'interrogatoire sur les faits va durer plus de trois heures. Tout d'abord, le plus âgé revient sur ses déclarations devant le juge d'instruction en avouant avoir mis le feu à la maison de la victime. L'accusé va avoir de plus en plus de mal à répondre aux questions du président, et surtout à la très longue charge du maître Dirickx, avocat des parties civiles. Ce dernier va essayer de remonter la chronologie des faits.
La version du plus âgé consiste à dire que son beau-frère et lui ont copieusement bu autour d'un feu de palettes. Selon lui, à un moment donné, le plus jeune décide d'aller cambrioler la maison du voisin avec son jeune neveu, âgé de 10 ans au moment des faits. Il refuse finalement de s'y rendre, par peur d'être reconnu, mais voit les deux autres revenir après que l'affaire a très mal tourné. Ils vont alors décider de mettre le feu pour effacer les traces du forfait. Interrogé sur une éventuelle plaie dans le ventre de la victime, il explique que c'est un coup de couteau, et que c'est ce que lui a dit son beau-frère.
"Je n'ai rien à voir, je dormais"
Le deuxième accusé reste sur sa position : "Je n'ai rien à voir, je dormais." Sauf que sa position devient intenable. Il déclare être parti avec son beau-frère sans s'apercevoir que la maison brûlait à 10 m de la voiture et il s'embrouille sur les appels téléphoniques qu'il a échangés vers 2h du matin avec son ancienne compagne.
C'est pourtant son avocat qui insiste en dernier sur les propos du plus âgé, lesquels seront actés par le président : "Il (la victime, NDLR) n'a pas souffert… Enfin je crois."
La procureure émet l'hypothèse que plusieurs personnes pourraient avoir été présentes sur la scène de crime. Elle remarque que les blessures relevées par les experts sont des deux côtés du corps de la victime. L'audience s'est terminée vers 23h et a repris ce jeudi 16 novembre, avec les plaidoiries des avocats.
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