Après une journée consacrée à l'écoute des deux accusés dans le meurtre d'un homme à Pontmain, en avril 2020, et l'analyse de leur profil, les avocats ont pris le relai de leur client jeudi 16 novembre.
L'audience reprend à 11h avec la plaidoirie des parties civiles représentées par le bâtonnier Dirickx. L'avocat va mettre en opposition la personnalité de la victime et celles des deux accusés.
Il rappelle que le vieil homme assassiné était issu d'une petite ferme de la Mayenne, qu'il avait eu une vie exemplaire et qu'il avait inculqué "les valeurs de travail, respect, morale et famille à ses trois filles". Le plaideur décrit toutes les phases de souffrances de ses clients, jusqu'à ce procès dans l'univers de la Justice qu'ils n'ont jamais eu à fréquenter. L'avocat regrette que ceux qui sont dans le box des accusés n'aient pas eu le même courage que ceux dont il défend les intérêts.
Une lourde peine : 30 ans
Le silence règne dans la salle quand l'Avocate générale prend la parole pour ses réquisitions.
"En 20 ans de carrière, c'est la première fois que j'assiste à un tel procès. Tant sur le plan de la sécurité car on a cherché à vous instrumentaliser, que sur les investigations avec 11 000 feuillets qui composent le dossier. Les acteurs ont essayé de mettre le doute, c'est le seul moyen d'échapper à la Justice."
La magistrate affirme d'emblée que les deux hommes sont coupables pour un crime "horrible, ignoble, abject". Il faut savoir qui était présent sur la scène de crime. La procureure va alors déclarer qu'en l'absence de preuve formelle, il faut se référer à un "faisceau d'indices" : traces de gant, lampe frontale retrouvée sur les lieux tout comme les pièces de monnaie et la cagoule artisanale retrouvée brûlée.
Pour le Parquet, les deux coaccusés sont coupables. La peine réclamée est de 30 ans, avec une peine de sûreté des deux tiers.
La défense contre-attaque
En début d'après-midi, les deux avocats de la défense vont tenter de retourner la situation.
Les avocats de la défense lors du procès de deux beaux-frères aux assises de la Mayenne.
Maître Rolland, du barreau d' Angers, a la lourde charge de défendre le plus âgé, qu'il décrit comme un coupable idéal : "Depuis lundi, il est servi sur un plateau d'argent. C'est un gitan, un super délinquant." L'avocat essaye d'atténuer l'image de son client auquel il arrache même une larme en évoquant son grand-père. Le plaideur reporte la suspicion sur son beau-frère et termine ainsi : "Ne le condamnez pas, acquittez-le car il n'y a pas de preuve."
Maître Garcia, du barreau de Nancy, va plaider pendant une heure et demie. Le flamboyant avocat va alterner les gestes et les inflexions de voix. "C'est une peine d'élimination de la société qui est demandée pour mon client." Pour l'avocat, le procès est imparfait, le travail des enquêteurs bâclé et les conditions techniques d'échanges avec certains experts par téléphone ou lecture le choquent : "Au secours !", s'écrie le plaideur.
Comme son confrère, il s'emporte : "On stigmatise un sale gitan." Pour l'avocat, il n'y a pas de preuve de vol ni de la participation de son client aux événements de cette terrible nuit. Une fois encore, la Défense va repousser tous les arguments du Parquet. "Vous n'avez rien. On ne veut pas une vérité qui condamnerait un innocent", seront ses derniers mots !
Après plus de cinq heures de délibéré, le verdict a été rendu peu avant 21h30. Le plus âgé des accusés a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle, le plus jeune à 22 ans.
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