« L'arrêt des prolongations fait qu'il y a une spécificité qui est en train de se dessiner. On voit bien que ça va de plus en plus se jouer aux tirs au but. Dans ce domaine, les clubs qui vont être mieux préparés que les autres iront plus loin », avait déclaré Olivier Frapolli après l'élimination aux tirs au but face à Orvault (Régional 1) la saison dernière.
Le club a-t-il préparé différemment la Coupe de France cette saison et plus précisément les tirs au but ?
On a essayé de le faire à travers des jeux. Ça peut être une séance de tirs au but pour départager les équipes ou lorsqu'un ballon sort du terrain, le coach va proposer de tirer deux corners et un penalty. On intègre ça un peu plus dans nos séances cette année. On le travaille de temps en temps pour éveiller les joueurs même si ça ne ressemble jamais à une vraie séance dans son contexte. Ce n'est pas parce qu'on est en semaine de Coupe de France qu'on les travaille plus. Il faut mieux en faire de temps en temps, que beaucoup en une fois.
Y a-t-il un travail spécifique réalisé avec les gardiens ?
Il y a un travail sur les tirs au but mais il n'y a pas de séances supplémentaires. Dans la semaine, on analyse chaque gardien adverse. Dans cette analyse, il y a une partie sur les penaltys, même si je les différencie des tirs au but. Une analyse vidéo et un briefing sont faits avec les gardiens. L'inconvénient des premiers tours de Coupe de France, c'est qu'on a peu d'informations. On essaie d'aller en chercher à droite, à gauche, avec mon réseau, Internet, etc. Ressortir des statistiques et tendances précises c'est difficile, contrairement au championnat. On ressort donc des tendances générales : le droitier à tendance à tirer là, le gaucher ici, etc. Mon métier est d'accompagner les gardiens pour réduire la part d'incertitude. Normalement, un tir au but bien tiré finit au fond. Sauf que je vois ça comme un jeu. Il y a des techniques pour inverser le rapport de force pour faire en sorte que mentalement tu rentres dans la tête du tireur et qu'il soit moins précis ou en situation d'échec. C'est un gros travail pour peut-être pas grand-chose mais je suis tellement heureux quand mon gardien arrête un tir au but ou un penalty. Je m'en voudrais de ne pas le faire…
La question fait souvent débat : les tirs au but sont-ils une loterie selon vous ?
(Il réfléchit…) Je dirai non. Tu peux inverser la pression mentale pour te donner une chance d'intervenir efficacement. Le but est de faire en sorte que l'attaquant quitte son cocon. Le gardien ne plonge jamais au hasard en se disant : On verra bien ! Après quand tu n'as pas d'informations, le gardien fait en fonction de son vécu, du match qu'il vient de vivre. Il peut se dire : tiens ce joueur est technique, il aura peut-être tendance à ouvrir son pied par exemple ou inversement…
Le côté humain a aussi une part très importante.
Selon une étude, la plupart des joueurs tirent en zone basse ou au milieu mais jamais sur la zone haute du but. Pourtant l'étude montre que peu importe, que tu tires à gauche, à droite ou dans l'axe dans cette zone, tu as quasiment 100 % de chance de marquer. Dans 90 % des cas, le gardien plonge et même s'il a une grande envergure il ne peut pas arrêter un ballon dans la lucarne. Alors pourquoi tout le monde ne tire pas ici ? La réponse est simple : il y a une peur de l'échec et d'être ridicule si tu tapes la barre ou si tu frappes hors cadre. La part de risque entre en jeu. Cette étude montre également que si le gardien reste debout, il aura plus de pourcentages de chance d'arrêter la frappe que s'il plonge. Pourquoi les gardiens ne restent-ils donc pas debout ? Là aussi, il y a la peur, par exemple d'avoir une réflexion du coach si le gardien reste dans l'axe et que le tireur frappe sur un côté. Les gens vont aussi râler en se demandant pourquoi n'a-t-il pas plongé ? Donc non, les tirs au but ne sont pas une loterie. La part mentale et la pression sont prépondérantes.
Comment peut-on alors imaginer qu'un gardien de Régional 1 puisse prendre l'ascendant mental sur un joueur professionnel ?
Les niveaux se nivellent. Ce qu'il ne faut pas pour le club professionnel, c'est de mettre en confiance l'adversaire et surtout le gardien. S'il arrête une frappe, une deuxième puis une troisième en lucarne, là, ce sera plus compliqué de le battre. Ensuite, si ça va aux tirs au but, le gardien aura une confiance maximale et se sentira pousser des ailes. Il aura peut-être l'intuition qu'il n'a pas d'habitude. Tu joues dans un plus grand stade, c'est peut-être la première ou deuxième fois que tu joues devant autant de monde. C'est peu dans une carrière donc tu as envie de profiter et mentalement tu surpasses tes capacités habituelles. C'est la magie de la Coupe de France…
Pour l'équipe professionnelle, le maître mot de l'entraîneur doit être d'éviter à tout prix ces tirs au but ?
Je joue sur les mots mais la formulation « éviter à tout prix » veut dire que tu mets un impact négatif dans la tête de tes joueurs. Ils sont tous compétiteurs, veulent tous gagner en 90 minutes. Je ne pense pas qu'ils abordent le match en disant : Peut-être qu'il va y avoir des tirs au but. Dans la préparation peut-être, ce serait logique et professionnel d'y penser mais pas lors du match. Si le staff dit : il faut absolument passer avant les tirs au but, les joueurs peuvent se dire qu'on ne croit pas en eux.
7e tour de Coupe de France : US Provin - Stade lavallois (14h) ce samedi 18 novembre.
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