Le 25 janvier 2020, un homme a été poignardé au 65 de la rue Sainte-Catherine, à Laval.
Le différend oppose un Soudanais, l'accusé, à un Afghan, la victime, dans un appartement mis à leur disposition par l'Association France Terre d'Asile. Ce soir-là, l'accusé est incommodé par la conversation téléphonique de son colocataire.
Ils se retrouvent à l'extérieur pour s'expliquer
Les deux hommes se retrouvent à l'extérieur et le Soudanais va porter deux coups avec un couteau de cuisine : l'un au bras et le second, beaucoup plus grave, dans la région de l'abdomen. La victime se réfugie alors dans la cage d'escalier du 71 de la même rue, en retenant ses viscères qui s'échappent de son corps.
Deux témoins vont voir la scène de leur fenêtre et, lorsque l'un d'entre eux intercepte l'auteur des actes, ce dernier est en train de poursuivre sa victime avec le couteau. Il s'exprime dans un dialecte arabe que comprend le témoin, qui rapporte qu'il lui dit par deux fois : "Je vais le tuer, je vais le tuer !"
La victime a fui les talibans
Après les rapports du médecin légiste et du directeur d'enquête, les experts psychologues vont dresser le portrait des deux antagonistes.
La victime a fui l'Afghanistan. Après le décès de ses parents, l'homme est recueilli par son oncle qui va en profiter pour le spolier des terres de ses parents. Il travaille pour lui jusqu'au jour où ce dernier lui demande de rejoindre les talibans. Il s'enfuit et arrive en France en 2016, en ayant suivi les chemins tracés par les "passeurs". Il n'a jamais fait d'études, mais finit par trouver un emploi en 2019. Les traumatismes physiques et psychologiques l'ont depuis éloigné de la vie qu'il commençait à reconstruire. Il déclare : "Mentalement, je ne suis pas vivant."
Le discernement de l'accusé en jeu
Le rapport psychologique concernant l'accusé est beaucoup plus long et laisse entrevoir la question d'une éventuelle altération de son discernement. Lui aussi a fui son pays d'origine. Il est issu d'une famille polygame et avait 30 frères et sœurs. Impossible de connaître sa vraie situation familiale.
Est-il réellement marié et père de trois enfants ? Toujours est-il qu'il n'a plus aucune relation avec ses proches depuis qu'il est arrivé en France. Il est passé par la Libye puis par l'Italie, où on lui conseille de partir pour la France afin d'obtenir des "papiers". L'homme semble éteint, absent ou ailleurs, comme le dira l'expert, qui poursuit en décrivant un accusé "au potentiel intellectuel limité." Le soir des faits, il avait consommé de l'alcool, lui qui ne buvait jamais.
Interrogé par le Président, à l'aide d'un traducteur arabe, le mis en cause ne peut nier les coups de couteau mais réfute les déclarations des témoins et, surtout, affirme que c'est la victime qui l'a frappé la première. Ce serait, selon lui, l'Afghan qui lui aurait demandé de sortir pour s'expliquer en se saisissant de deux couteaux de cuisine. Un peu plus tôt dans l'après-midi, l'agressé a donné une version contraire. Ce sera le deuxième point à éclaircir lors de la deuxième journée du procès qui s'est ouverte ce vendredi 24 novembre, à 9h.
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