10 ans de réclusion criminelle. C'est la peine que devra accomplir cet homme Soudanais de 31 ans, pour tentative de meurtre sur son colocataire Afghan en janvier 2020. Les deux hommes vivaient dans un appartement de France Terre d'asile dans la rue Sainte-Catherine à Laval. La Cour retient, vendredi 24 novembre, la tentative de meurtre, rejette l'irresponsabilité de l'accusé mais reconnaît une altération du discernement. Il devra se soumettre à un suivi socio judiciaire, ne plus paraître en Mayenne et ne pas porter d'arme pendant 15 ans.
Une deuxième journée décisive sur la responsabilité
La deuxième journée du procès d'assises concernant la tentative de meurtre de la rue Sainte-Catherine à Laval va tourner autour de l'éventuelle irresponsabilité de l'accusé. Le premier intervenant est un médecin psychiatre qui a examiné le mis en cause en janvier 2022.
Le praticien décrit un homme qui ne parle pas beaucoup et au regard fixe. Il est "éteint sur le plan émotionnel, recroquevillé sur sa chaise se balançant d'avant en arrière. Il peut avoir des explosions d'agressivité. Il n'est pas dépressif mais sujet à des angoisses archaïques dues à des traumatismes anciens." L'expert rejette la maladie psychiatrique mais constate une altération du discernement. Enfin, le médecin note que son absence d'insertion sociale peut être un facteur de dangerosité.
Le Bâtonnier Dirickx représente les intérêts de la victime qui est restée calme tout au long du procès. L'avocat relève les points communs entre les deux hommes : ils sont issus d'un milieu agricole, n'ont suivi aucune scolarisation, ni connu de relation sentimentale. Tous les deux ont décidé de fuir leur pays d'origine et ont été victimes de violences. Mais son client avait un rêve : connaître la liberté et rejoindre la France. Il va chercher à s'intégrer en commençant l'apprentissage de la langue et surtout en trouvant un travail qui lui permettra d'accéder à un logement.
La vie bascule
Mais le 25 janvier 2020, tout va basculer avec la tentative de meurtre. La victime va endurer les souffrances physiques, puis perdre son travail et se retrouver face à des difficultés financières. "C'est l'enfer physique et moral" raconte la victime qui pourtant ajoute : "Je ne lui en veux pas, ça servirait à quoi ?"
L'Avocat général explique tout d'abord la différence entre les deux qualifications possibles des faits : tentative de meurtre ou délit de violence. Si l'on retient la tentative de meurtre, l'accusé encourt une peine pouvant aller jusqu'à 30 ans de réclusion mais si c'est un délit de violence, la peine sera de 5 ans maximum. Le magistrat retient la volonté d'homicide mais n'exclut pas l'altération du discernement. L'Avocat général n'évoque pas la dangerosité de l'homme et requiert une peine de 10 ans de réclusion.
"Il a le raisonnement d'un enfant de 7 ans"
Il revient à Maître Perez d'assurer la défense du Soudanais. L'avocate évoque un "immense gâchis" en remarquant les multiples manquements de l'État français dans l'accueil des migrants et relève les mêmes lacunes de la Justice qui a refusé une contre-expertise psychiatrique de son client.
La jeune femme plaide l'irresponsabilité de l'accusé en reprenant les termes des experts : "Il a le raisonnement d'un enfant de 7 ans et est-ce que l'on condamne un enfant de 7 ans ?" Et de continuer : "L'expert a affirmé qu'il n'est pas conscient des choses."
L'avocate termine sa plaidoirie par ces mots : "Vous devez le déclarer irresponsable. Il relève du milieu médical. il n'a pas sa place en prison."
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