Qui êtes-vous ?
Je suis Philippe Paillard, j'ai 50 ans et je suis professeur depuis 23 ans dans l'Education nationale, dans la peinture, l'aménagement et la finition du bâtiment. C'est le métier des peintres. Au lycée Gaston-Lesnard [à Laval], nous n'avons que des bacs pros. Je suis Mayennais, né à Laval et professeur ici depuis quinze ans. C'est un établissement rural, familial avec un public très intéressant que j'aime beaucoup.
Comment voyez-vous aujourd'hui la jeunesse ?
Elle a complètement changé. Nos jeunes qui arrivent ne bricolent plus chez eux. Aujourd'hui, pour utiliser une visseuse, il faut faire une démonstration… L'enseignement a lui aussi changé aujourd'hui, avec une plus grande prise en compte des temps de loisirs : les professionnels sont moins partants pour travailler les week-ends.
Qu'est-ce que le Worldskills ?
C'est une compétition réunissant des jeunes de moins de 23 ans, dans près de 60 métiers différents. Elle existe depuis une cinquantaine d'années. A l'époque, elle s'appelait les Olympiades des métiers. Il y a des sélections au niveau des établissements, au niveau régional puis national, et enfin international. Je fais partie de l'équipe de France en peinture-décoration. Je suis l'expert mondial pour la France, c'est-à-dire que j'entraîne et j'accompagne la participante française au championnat du monde dans le domaine de la peinture.
Vous êtes également juré ?
Chaque pays a un juré. Nous jugeons ce que font les compétiteurs. Dans ce concours, on reste dans le domaine professionnel. Il y a une pose de papier peint à réaliser, une pulvérisation à faire, un traçage à faire avec mise en peinture, le tout à main levée. Il y a aussi une épreuve de rapidité, et un chef-d'œuvre qui est préparé en amont du concours et que l'on doit reproduire le jour J en remplissant un cahier des charges : c'est une mise en peinture avec des techniques différentes.
Quand auront lieu les prochains championnats ?
Du 10 au 15 septembre à Lyon, auront lieu les prochains championnats du monde. Je suis allé à Abu Dhabi. Également à Kazan en Russie, ou encore en Italie. En 2019, nous avons obtenu le bronze, en 2022, l'argent… On vise l'or pour 2024. Je suis un compétiteur : il faut trouver les petits plus pour emporter l'or. Je vais chercher un autre expert pour aider ma candidate dans la pulvérisation de pistolet dans la carrosserie, par exemple. On va chercher toutes les compétences que l'on peut avoir.
Comment êtes-vous sélectionné ?
C'est notre CV, notre savoir-faire et notre expérience dans la compétition. C'est mon prédécesseur qui est venu me chercher.
Quel est le rôle de l'expert ?
Mon rôle, c'est d'entraîner la participante sur la technicité. Nous avons des rassemblements avec l'équipe de France, avec des coachs sportifs et mentaux. C'est très similaire aux Jeux olympiques. On protège énormément nos candidats pour qu'ils soient prêts techniquement et mentalement. C'est surtout une reconnaissance du métier et du savoir-faire qui est la récompense suprême. Il ne faut rien laisser au hasard et tout se prépare en amont. Nous les faisons répéter les gestes techniques, on travaille à distance. L'entraînement à partir de janvier est quasi quotidien. La gestion du stress sur un tel évènement, c'est primordial.
Que vous apporte la compétition ?
C'est un enrichissement exceptionnel, tant avec les compétiteurs qu'avec les experts des autres pays. On découvre plein de métiers différents. Même si le travail est bénévole, j'aime ce que je fais et je veux toujours progresser. C'est une passion. On passe beaucoup de temps personnel et ce sont des contraintes, du temps passé en dehors de mon travail à préparer la compétition. Cependant, il faut savoir laisser sa place : pour l'instant, je crois pouvoir encore progresser. Mais une fois atteint le bout, il faut savoir laisser sa place.
D'autres passions ?
J'ai fait beaucoup de vélo plus jeune. J'en ai refait l'été dernier. J'ai couru dans des compétitions durant une quinzaine d'années. Je trouve que l'esprit de compétition est très important et le sport m'aide beaucoup. C'est très similaire pour les Worldskills : il n'y a qu'à voir comment on gère la nutrition par exemple ou la forme physique…
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