Jeudi 7 décembre, le tribunal correctionnel de la Mayenne s'est penché sur une affaire de rixe s'étant déroulée le 16 avril 2021, dans le quartier de Saint-Nicolas à Laval. Deux hommes comparaissent pour des délits de violence avec arme. Le premier, âgé de 24 ans au moment des faits, est accusé d'avoir tiré au pistolet sur le second. Il est arrivé sous escorte en provenance de la prison où il purge une peine jusqu'à la fin 2024. Originaire du Maghreb, il est issu d'une famille intégrée où le père a fait preuve de courage en travaillant dans le bâtiment mais, en ce qui le concerne, la présidente va rappeler les dix condamnations qui encombrent son casier judiciaire : vol, recel, stupéfiants, trafic, outrage et même évasion.
Une vidéo envoyée aux enquêteurs
Le second prévenu était âgé de 28 ans : il est poursuivi pour avoir donné un coup de batte de base-ball sur le tibia du père du premier. Il est lui aussi connu de la justice lavalloise, fort de ses sept condamnations pour outrage, dégradations, violences, menaces ou bien encore recel de biens volés.
Au départ, ce dernier, légèrement blessé par la balle s'est retrouvé au centre hospitalier. Il n'a pas dénoncé son agresseur. Mais quelque temps plus tard, une vidéo est envoyée aux enquêteurs sur laquelle on voit un homme tirer sur un autre, puis une femme voilée essayer de le calmer ainsi qu'un homme plus âgé qui semble boiter. Il s'agit du père du tireur qui a reçu un coup de batte de base-ball par le blessé, qui s'est senti menacé. Des témoignages anonymes vont en ce sens, et les témoins vont reconnaître le mis en cause sur les photos présentées par la police. La version des faits décrits par le principal prévenu évolue et le tribunal a du mal à comprendre la chronologie des événements, élément important pouvant ou non faire penser à de la légitime défense.
30 mois de prison et une relaxe
Maître Robert représente les intérêts du père blessé à la jambe. Il insiste sur la souffrance morale des parents, qui ont eu peur pour leur fils et leurs autres enfants réfugiés juste derrière eux, à l'angle de la rue Lannes.
La procureure apprécie "la fin de l'omerta" et se déclare "contente d'entendre une nouvelle version", mais ajoute aussitôt que l'on ne peut rien vérifier car on n'a pas retrouvé l'arme ni d'éventuels comparses de part et d'autre des antagonistes. Le parquet constate les faits de violence, la préméditation et refuse la légitime défense au tireur. Enfin, la magistrate note que le tir visait l'abdomen et qualifie la riposte éventuelle de disproportionnée. La peine demandée est de 30 mois de prison avec mandat de dépôt. La procureure sera beaucoup plus clémente envers le second prévenu, à qui elle reconnaît la légitime défense et pour lequel elle demande la relaxe. La défense insiste sur l'état de vulnérabilité de son client qui avait peur pour sa famille. L'avocate pense par ailleurs qu'il y avait des armes des deux côtés et affirme que le dossier est vide. L'agressé revient à la barre, déclarant : "C'est la première fois qu'un procureur demande ma relaxe !"
Le tribunal condamne le tireur à 24 mois de prison ferme avec mandat de dépôt en insistant sur la gravité des faits. Le second prévenu, quant à lui, est relaxé.
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