Il est rare de voir un homme de 76 ans comparaître dans le box des accusés entouré de deux policiers. C'est pourtant un prévenu aux cheveux et à la moustache blanches, regard oblique sous sa paire de lunettes, qui doit répondre, jeudi 14 décembre, "d'agression sexuelle imposée à un mineur de 15 ans et à un mineur de plus de 15 ans ainsi que d'exhibition sexuelle" devant le tribunal correctionnel de Laval.
En préalable à son interrogatoire, la présidente insiste sur son passé judiciaire. Coupable en 1997 d'agression sexuelle, l'homme a été condamné à 4 ans de prison dont 18 mois avec sursis. En 2005, il est à nouveau condamné à 8 ans de prison pour agression sexuelle et corruption sur mineur de 15 ans. "Comment se fait-il que l'on vous retrouve une nouvelle fois pour des faits semblables ?", s'enquiert la magistrate. Le septuagénaire lui répond : "Je suis porté à aider les jeunes."
Pour l'affaire présente, à Villaines-la-Juhel, le septuagénaire est venu dormir dans le studio et dans le lit de l'adolescent et en a profité pour tenter des attouchements. Une autre fois, il lave le jeune homme et va jusqu'à partager son bain. Il a aussi tenté de toucher le sexe de son ami, légèrement plus âgé.
Un adepte du naturisme
Le prévenu se déclare adepte du naturisme et se promène régulièrement entièrement nu, sans se cacher aux yeux des jeunes gens. Il va ainsi le faire devant la sœur de l'une des victimes.
La mère des adolescents trouve que ce monsieur sait se rendre utile et la dépanne en véhiculant les enfants et en l'aidant financièrement. Il rencontre généralement les jeunes gens fortuitement dans les magasins et évolue dans une "relation fusionnelle avec les enfants", comme il le déclare au tribunal.
Toutefois, le mis en cause hausse le ton et se défend de toute intention sexuelle : "Je ne suis pas intéressé par le côté pédophile." Il nie les faits d'attouchements et ne reconnait que s'être promené nu devant les adolescents. Il répond par l'affirmatif quand la présidente lui demande si sa précédente condamnation était une erreur judiciaire.
Les experts soulignent une déviance pédophilique
Les experts, psychiatre et psychologues, décrivent une certaine déviance pédophilique pouvant entrainer des pulsions. Le prévenu a tendance à instrumentaliser les autres.
Maître Lechatre, pour la partie civile, remarque que les deux jeunes plaignants n'ont pas voulu l'accabler mais qu'ils ont malgré tout confirmé les faits au travers de leurs dépositions.
Le parquet constate à son tour que l'homme ne comprend pas la gravité de ses actes malgré ses précédentes condamnations. Pour la procureure, les infractions sont caractérisées et le prévenu doit être envoyé en prison car, dès la fin de son précédent contrôle judiciaire, il a recommencé à revoir des mineurs. La magistrate requiert cinq ans de prison ferme.
Maître Buron, pour la défense, tente d'adoucir l'image de son client en lisant une lettre adressée par sa propre fille qui affirme que son père ne cherche "qu'à aider les gens et qu'il est victime de sa gentillesse". L'avocat va demander la relaxe pour les faits d'atteintes sexuelles et qualifie son exhibitionnisme de "notoriété publique".
Le tribunal prononce une peine de 3 ans et 6 mois de prison ferme avec maintien en détention. Les magistrates y ajoutent une interdiction de contact avec les mineurs pendant 10 ans et de 3 ans en ce qui concerne les victimes. Le nom du prévenu figure au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS).
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