Santé. Urgences en Mayenne : la réponse de l'ARS

Quel est l'état des urgences en Mayenne ?

"Il manque une vingtaine d'urgentistes pour faire fonctionner normalement les urgences des trois hôpitaux de Laval, Mayenne et Château-Gontier. Dans ce contexte difficile, le centre hospitalier de Laval doit jouer un rôle d'établissement pivot. Il est central, il a le plus important plateau technique pour hospitaliser les patients. Or, les urgences sont régulées plus souvent à Laval qu'à Mayenne ou Château-Gontier. L'organisation y est notamment trop cloisonnée. Cela a notamment été mis en avant par un rapport d'expertise, mené par des urgentistes universitaires reconnus, qui sont responsables des urgences d'Angers et de Rennes, qui ont pointé des dysfonctionnements internes et le manque d'attractivité du service des urgences du centre hospitalier de Laval. L'Agence régionale de santé des Pays de la Loire a donc demandé à la direction de l'hôpital et à la gouvernance médicale de prendre les mesures nécessaires pour que leur établissement joue pleinement son rôle d'établissement pivot sur le territoire. Parmi ces mesures, figure la nécessité d'avoir un responsable unique pour les unités d'urgence du Centre hospitalier de Laval. Ceci afin de décloisonner les unités et d'avoir une polyvalence dans l'activité des médecins. Afin, à terme, qu'ils puissent travailler dans les différentes unités et maintenir l'activité essentielle."

L'ARS est accusée d'avoir écarté le docteur Caroline Brémaud de son poste de cheffe des urgences à Laval : que répondez-vous ?

"Il y avait trois médecins qui exerçaient une responsabilité au sein des urgences de Laval, un des trois a été choisi par la direction et la gouvernance médicale de l'établissement. Ce choix d'un responsable unique pour mieux coordonner les unités des urgences ne remet pas en cause la place des deux médecins au sein de l'équipe d'urgentistes. Il faut bien rappeler que leur activité principale reste de soigner les patients. Il faut enfin rappeler l'engagement fort de l'ARS auprès du centre hospitalier de Laval : outre la première tranche de travaux du programme d'investissement du centre hospitalier à hauteur de 80 millions d'euros, l'ARS poursuit son accompagnement par l'amélioration des conditions de travail (bâtiment de 1,5 million d'euros, campus médical pour l'accueil des internes 100 000 euros), par le soutien aux renforts médicaux et paramédicaux et le déploiement de la coordination territoriale."

Comment fonctionnent les urgences de Mayenne aujourd'hui ?

"Aujourd'hui, chacun des trois services d'urgence du département est en difficulté pour assurer la continuité H24 de ses activités ; ce qui oblige parfois à suspendre ou réguler l'accès sur certaines dates dans chacun des trois services d'accueil des urgences (SAU). L'objectif de l'ARS reste bien l'ouverture en permanence des urgences des trois hôpitaux de Laval, Mayenne et Château-Gontier. Dans l'attente de nouveaux recrutements, dans un souci de sécurisation de la prise en charge des patients et de lisibilité, il est nécessaire, en cas de manque de médecins, qu'au moins deux services d'urgences sur les trois du département de la Mayenne puissent être ouverts la nuit. Si, par moments, cette cible n'est pas possible, la localisation du seul SAU en nuit dans le département devrait alors se faire sur le plateau technique de Laval, au centre du département. Dire que l'ARS souhaite la fermeture des SAU de Mayenne et Château-Gontier la nuit est une information erronée. L'objectif pour l'ARS reste de travailler à l'organisation et l'attractivité pour préserver l'ouverture des trois services d'urgence en permanence."

Dès lors, peut-on parler de fonctionnement dégradé de l'hôpital public en Mayenne ?

"La situation rencontrée par les établissements de Mayenne n'est pas spécifique au département. Les tensions démographiques en ressources médicales ont des répercussions dans beaucoup de départements. La situation nécessite adaptation, agilité, coordination et un travail de fond sur les organisations. Il faut noter des évolutions positives grâce aux engagements concertés des acteurs, des élus et de l'État qui devraient permettre d'entrevoir des améliorations dans les années à venir telles que l'accueil des internes pour leurs stages en Mayenne. Entre 2019 et 2023, le nombre d'étudiants en stage dans les établissements de Mayenne est passé de 55 à 95 (+ 72 %)."

Pratiquement, comment aller aux urgences dans la nouvelle organisation pour un habitant ?

"À ce stade, il est prématuré de communiquer sur une éventuelle nouvelle organisation compte tenu de travaux et concertations en cours et à venir. Les bons réflexes sur l'usage du système de soins restent en vigueur : avant de se rendre aux urgences, en fonction de l'état de santé de la personne, il est préférable de contacter en priorité son médecin traitant. En dehors des heures d'ouverture des cabinets, il faut appeler le 116-117 pour obtenir un conseil médical. En situation d'urgence, H24 et quel que soit le lieu en France, il faut composer le 15 et un médecin décidera de l'orientation la plus adaptée à la situation."