Bien qu'emmitouflé dans de vieilles couvertures trouées et poussiéreuses, Ilies ne parvient pas à se réchauffer.
Dehors, il tombe depuis plusieurs jours d'abondants et épais flocons blancs.
La neige s'amoncelle et crée une croûte compacte qui couvre tout. Depuis de nombreux mois, le village n'est plus que l'ombre de lui-même et les villes alentour n'existent plus. Les rues qu'Ilies arpentait jadis avec ses camarades du quartier sont devenues des allées couvertes de ruines. L'église a perdu de sa superbe depuis que son clocher s'est écroulé et que les choucas l'ont déserté. Abandonnées même par le cri des corneilles, un silence profond enveloppe les ténèbres et empêchent Ilies de s'endormir.
Aussi, il décide de se lever pour tenter de retrouver les siens disparus aux premiers temps du déluge hivernal. Il s'entortille dans tout ce qui peut lui servir de vêtement : draps, couvertures, rideaux, tentures. Puis, tremblant, il ose sortir de sa misérable maisonnette.
Il sent avec douleur la brûlure du froid sur la peau de ses pieds nus que saupoudre au fur et à mesure la neige glaciale qui comble les empreintes des pas de l'enfant.
Ilies déambule ainsi dans l'obscurité, sans entendre aucun son, ni sentir aucune odeur. Conscient soudain de la solitude et du malheur dans lequel il se trouve, il décide d'abandonner son inutile recherche. Ses grands yeux bleus s'emplissent de larmes, son cœur se vide de ses tendresses enfantines, ses souvenirs des jours heureux s'évanouissent, les visages d'antan disparaissent dans la nuit, la brune et le froid.
C'est à cet instant, au moment même où tout espoir semble disparaître, qu'Ilies voit une lumière soudaine éclairer le chemin qu'il emprunte.
Et ça n'est pas n'importe quel rayonnement puisqu'il se reflète derrière la seule fenêtre encore intacte du village. La clarté vacille pareille à la flamme d'une bougie avec laquelle jouerait un courant d'air. Puis une autre lueur vient se mêler à la danse. Et une autre encore. Et à chaque fois de couleur différente.
C'est alors une magnifique féerie qui jaillit devant les yeux fascinés d'Ilies qui se laisse emporter par ce bel enchantement.
Une porte s'ouvre alors sur un scintillement multicolore d'où apparaît une fée qui tend vers l'enfant ses mains chaudes et douces et son sourire éclatant.
Lui, soudain, ressent une agréable chaleur, laisse choir à ses pieds les guenilles qui le préservaient à peine du froid et vient se blottir dans les bras maternels de la Fée Fanfy qui l'emporte avec elle dans son univers de couleurs tièdes, de parfums légers et de musiques harmonieuses.
Ilies, couché chaudement dans l'une des chambres de la fée, s'assoupit en écoutant la symphonie des choucas revenus en cette nuit, accompagner la magie de Noël, tandis que, provenant des autres chambres du bienveillant sanctuaire de Fanfy, résonnent paisiblement les menus ronflements d'autres enfants endormis.
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