Qu'est-ce que Noël ?
Noël c'est la visite du fils de Dieu. Jésus naît, se fait homme et vient jusqu'à nous. C'est le mystère de l'humilité qui rentre dans notre humanité : passer de celui qui veut se faire tout seul à celui qui nous donne de nous accomplir. C'est le chemin que le Christ trace et c'est le chemin de l'Avent qui mène à Noël. C'est un immense mystère. Certains de vos lecteurs ont peut-être eu la joie de vivre une naissance dans l'année : c'est la joie de l'attente. Noël, c'est Dieu qui vient nous révéler la grandeur de l'homme.
Qu'est ce qui vous marque le plus dans cette fête ?
C'est l'humilité de Dieu qui s'abaisse jusqu'à être placé dans les mains de l'homme, de Joseph et de Marie. C'est le mystère de ce Dieu tout-puissant qui se rend si fragile en étant prêt à être couché sur la paille, entouré d'un bœuf et d'un âne, alors qu'il était là à la création du monde. C'est saisissant chaque année : je ne peux pas ne pas pleurer à la crèche. Ce sont des larmes de joie et d'émerveillement.
Quel est le sens profond de Noël ?
C'est à la fois la grandeur de l'homme et sa fragilité. Dans ce monde que je trouve dur, à la fois entre nous et pour nous-même, le Christ vient nous montrer un chemin radicalement différent où il vient saisir notre humanité pour la relever. Je trouve ça grand et c'est le plus beau cadeau que nous recevons à Noël, discrètement.
Quel est votre plus beau moment à Noël comme prêtre ?
Cela fait quinze ans que je suis prêtre. Tous les ans depuis mon ordination, je célèbre à 7h30 la messe de l'Aurore en particulier pour ceux qui fêtent Noël tout seul, ainsi qu'à l'intention des prisonniers. Après cette messe, nous partageons le petit-déjeuner avec les paroissiens qui sont là, soit environ 80 personnes. C'est un moment fraternel, simple et de vraie joie. On se réveille, on sort de son lit, on va à la messe...
Qu'est-ce qu'il y a de beaux dans Noël ?
Quelle que soit la messe, on s'y retrouve en famille, même tout seul. C'est-à-dire que nous savons ceux qui sont seuls. Finalement, on se penche ensemble sur un berceau, comme pourrait le faire une famille. C'est la famille qui se rassemble avec sa diversité : ceux que l'on ne voit qu'une fois par an, ceux qui sont là tous les jours... Il y a aussi ceux qui sont cachés derrière le pilier et tout le monde à sa place.
Une anecdote qui vous est arrivée ?
Il m'est déjà arrivé d'avoir, durant mon homélie de Noël, un enfant de chœur qui s'endorme et qu'il ronfle si fort que cela me fasse rire. C'était cocasse !
Avez-vous été témoin d'une conversion de Noël ?
Avant Noël, les chrétiens ont l'habitude de se confesser. J'étais au confessionnal avant Noël et, alors que j'allais partir pour célébrer la messe à l'hôpital, un homme arrive et veut se confesser. Je n'ai pas pu le prendre immédiatement et il a dû attendre plus d'une heure. Il est revenu, il s'est confessé, je ne l'avais jamais vu avant et je ne l'ai jamais revu après. C'était à Noël en 2012. En août 2014, je me trouve à Lisieux et je me prends à repenser à lui. Je le confie à sainte Thérèse. En sortant de la basilique, mon téléphone sonne. C'était lui ! Il m'a dit qu'il était devenu frère dans un monastère, que la confession lui avait changé la vie. C'était son dernier coup de fil avant d'y entrer. C'est une anecdote qui marque !
Que pensez-vous de la manière de fêter Noël aujourd'hui ?
C'est la victoire de la lumière sur les ténèbres : c'est le sens même du 25 décembre avec cette fête, avant même qu'elle ne soit chrétienne. J'ai toujours de la joie à voir les rues s'illuminer. Je trouve que psychologiquement, la nuit de décembre est très intense. Le Christ est cette lumière. Quelle que soit la foi des gens, on a besoin existentiellement de cette lumière qui chasse nos ténèbres.
Qu'est-ce que Noël dans le contexte actuel ?
La grande vertu de Noël, c'est l'Espérance. Elle me permet de reconnaître que l'autre est mon frère. Il y a eu en 1914, certains combattants ont fait la paix le temps d'un soir à Noël : je crois que profondément ça nous oblige à nous interroger. J'aime bien l'histoire, je me dis que la période que nous vivons n'est pas la plus sombre. Nous devons avoir le courage de nos ancêtres et nous dire qu'elle vaut le coup, qu'elle est un trésor, qu'il nous est confié... Qu'est-ce que nous en faisons ?
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