Stade lavallois. Récit d'une première partie de saison exceptionnelle

Irrationnel. Dix-neuf matchs, dix victoires, quatre nuls et cinq défaites. Qui aurait cru à cette performance à l'aube d'un exercice 2023-2024 annoncé périlleux pour les Tango ? « Je n'aurais pas osé le parier en début de saison », avoue le capitaine Jimmy Roye.

Le Stade lavallois, tube de l'été avant de se muer dans la peau d'un grand, n'a pas tout réussi depuis l'ouverture du championnat le 5 août dernier lors d'un derby remporté face à Angers au stade Francis Le Basser (1-0). Il a cependant montré une force de caractère frappante, au point de trôner sur le fauteuil de leader durant onze journées et de terminer la phase aller à une honnête quatrième place.

Pas de titre de champion d'automne, longtemps convoité, mais une impression que l'équipe a grandi et retenu les leçons du passé après avoir obtenu son maintien de justesse la saison dernière. Et ce, malgré la série en cours de quatre matchs sans victoire. « Il y a peut-être des gens qui occulteront ce bilan, livre Olivier Frapolli. Mais on a toujours dit qu'on jouait le maintien. On est très fiers de ce qu'on a fait sur la première partie de saison. On est qualifiés en 32^e de finale de la Coupe de France et on est quatrième avec 34 points. C'est un classement valorisant pour le Stade lavallois. »

Début de saison prometteur

Face à Angers, leur grand rival, les Tango laissaient entrevoir ce qui allait faire leur force jusqu'à présent. Peu d'occasions concédées tout en se montrant dangereux devant le but adverse. C'est Sam Sanna, le petit chef d'orchestre du milieu de terrain, qui marquait le premier but de la saison pour faire exulter le stade Francis Le Basser (8 912 spectateurs en pleines vacances estivales). « C'est une belle victoire, ce n'est jamais facile de gagner un premier match à domicile », se réjouissait Olivier Frapolli.

Une défaite à Troyes (3-1), un nouveau succès à domicile face à Rodez (1-0) et un nul à Quevilly-Rouen (0-0) plus tard, le début de saison des Tango manque de constance mais reste tout de même prometteur.

Série tonitruante de six victoires

La victoire contre Caen (2-1), alors leader, lors de la cinquième journée du championnat, marquait le tournant de ce début de saison. Menés après 90 minutes de jeu, les Mayennais renversaient la vapeur dans une fin de match folle grâce à deux coups de pied arrêtés. Thibaut Vargas relançait la partie sur un coup franc contré puis Malik Tchokounté assommait les Normands d'un pénalty transformé au bout du temps additionnel.

En enchaînant une deuxième victoire consécutive à Bastia dans la foulée (0-3), le Stade lavallois prenait place dans le fauteuil de leader de Ligue 2 pour la première fois depuis la saison 2000-2001. Olivier Frapolli s'amusait alors de la situation en comparant le début de saison du Stade lavallois avec le Tour de France : « Au début de la compétition, vous avez des favoris pour le maillot jaune sur les Champs-Elysées mais sur les premières étapes, il y a des garçons qui ne le sont pas mais qui, parce qu'ils gagnent des étapes, endossent le maillot jaune. Aujourd'hui, on a un peu dans ce statut-là. »

En tête du peloton, les Tango surfent sur la bonne dynamique enclenchée. L'En avant de Guingamp, le Paris FC, le Valenciennes FC et les Girondins de Bordeaux subissent tour à tour la loi des Mayennais, portant leur série tonitruante à six victoires d'affilée. Avec 25 points acquis en 10 journées, le Stade lavallois peut se targuer de réaliser le deuxième meilleur démarrage du XXI^e siècle en Ligue 2. Avant la réception du géant stéphanois, tous les feux sont au vert pour les coéquipiers de Malik Tchokounté, élu meilleur joueur lavallois du mois de septembre. Tête d'affiche de cette onzième journée de championnat, devant les 9 394 spectateurs du stade Francis Le Basser, la rencontre tourne à l'avantage des visiteurs (0-1). « Venir battre le leader chez lui n'est jamais facile à faire », déclare l'entraîneur stéphanois Laurent Battles à l'issue du match.

Les statuts ont changé. Après celle du chasseur, le Stade lavallois se retrouve à jouer dans la peau d'un grand : celle du chassé.

De chasseur à chassé

Les Tango ramènent un bon point d'Amiens puis accentuent leur avance sur leurs poursuivants en glanant un précieux succès à Annecy début novembre (1-3). Le retour sur Terre contre Concarneau (0-3) fait mal à l'orgueil. « On est très content du classement mais ce n'est pas pour ça qu'on va moins haïr la défaite », prévient Olivier Frapolli.

Après avoir fait respecter la hiérarchie en Coupe de France face à l'US Provin (0-5) lors du 7^e tour de Coupe de France, les Lavallois retrouvent le goût du succès en championnat dans le Nord, à Dunkerque, face à une équipe en grande difficulté (0-2). Ce triomphe loin de ses bases relance la dynamique de points avant un enchaînement de trois matchs à domicile face à des grosses écuries du championnat (Grenoble, Pau et Auxerre) entrecoupés d'un déplacement périlleux en Corse pour défier Ajaccio et un 8^e tour de Coupe de France jamais facile à négocier contre Saint-Philbert, équipe de National 3.

Après l'anormal, retour à la normale

Profondément marqués par la disparition de Michel Le Milinaire, les Tango parviennent à arracher le point du match nul face à Grenoble sur un coup franc somptueux de leur vétéran Anthony Gonçalves (1-1). La dynamique s'inverse définitivement à Ajaccio, où les Tango s'inclinent et perdent la tête du classement onze journées après l'avoir obtenu à Bastia. Le piston droit Thibaut Vargas, meilleur passeur de la première partie de saison, annonce : « Maintenant, il faut relever la tête, il nous reste deux matches de championnat (avant la trêve), et d'abord il faut passer ce match de Coupe. » À Saint-Philbert, les Tango frôlent la correctionnelle et se qualifient de justesse (1-2). Servi par Thibaut Vargas, encore lui, Malik Tchokounté débloquait la situation à dix minutes du coup de sifflet final pour envoyer les siens tant bien que mal en 32^e de finale.

Les deux confrontations qui attendent le Stade lavallois à Francis Le Basser avant la trêve hivernale s'apparentent alors à un quitte ou double. Pau et Auxerre, équipes en forme, talonnent les Tango. Les Lavallois eux, n'ont plus gagné à domicile depuis le 30 septembre et souhaitent renouer avec la victoire devant leurs supporters. Contre Pau, deuxième meilleure attaque du championnat, les partenaires d'un Mamadou Samassa des grands soirs sortent frustrés du sort de la rencontre (1-1) : « On a un sentiment un peu mitigé. Je pense que si on avait obtenu les trois points, ça n'aurait pas été volé. »

L'occasion de finir l'année en beauté est belle avec la réception d'Auxerre, meilleure attaque du championnat. Mais les Tango tombent sur une équipe pleine de maitrise et subjuguée par leur milieu de terrain Gauthier Hein (1-3). Pour Jimmy Roye, la phase retour sera une nouvelle opportunité de déjouer les pronostics : « C'est à nous de prouver aux gens que nous sommes capables. Le repos va faire du bien à tout le monde. Il faut se reposer et vider les têtes. À nous de repartir de l'avant dès le mois de janvier car il y a des matchs solides qui nous attendent. »

Irrésistibles puis remis en doute, les Tango sauront-ils offrir une deuxième partie de saison aussi folle que la première ?