Pas un sourire ne s'est dessiné sur leur visage pendant une heure. Au "comment allez-vous ?" que nous leur avons retourné, un cinglant et rare "non ça ne va pas" a fusé. Pas de doute, Véronique et Christophe Patry, 54 ans tous les deux, sont encore sonnés par le terrible coup de massue qu'ils ont pris avant les fêtes de fin d'année.
Mi-octobre 2023, le couple en charge des garages affiliés AD à Saint-Hilaire-du-Maine (depuis 31 ans) et Juvigné (depuis 23 ans) a reçu un courrier de son assureur, la MMA Ernée, qui lui apprenait la résiliation de leur contrat au dimanche 31 décembre. Abasourdis, les Patry découvrent que l'agence justifie cette rupture par trois sinistres en moins d'un an.
"Ce sont trois sinistres non responsables" martèle Christophe en tripotant nerveusement un téléphone fixe. "Nous avons d'abord été cambriolés le vendredi 11 février 2022 à Saint-Hilaire. On nous avait tout volés : le matériel, le fioul, les batteries… Pour 15 000 € de préjudice ! Le lundi 5 septembre 2022, nous avons été victimes de la grêle qui a détruit notre toiture à Juvigné. Et tout début janvier 2023, le comble : un client a un accident non responsable avec l'un de nos véhicules de courtoisie avec une personne non assurée !"
Les deux Mayennais se disent "révoltés". "Ces mastodontes ont le droit de vie et de mort sur les entreprises" enchaîne celui qui a lancé sa carrière avec le garage de Saint-Hilaire. Notre parole n'a aucun effet ou pouvoir." Pour espérer survivre, les Patry doivent trouver une nouvelle assurance d'ici le dimanche 31 mars - MMA Ernée a exceptionnellement prolongé leur contrat jusque-là.
"Des marchands de fric"
"Je suis allé voir un courtier qui essaie de trouver cela. Mais une seule proposition nous a été faite : Axa pour 27 000 € par an alors que nous payions 10 000 chez MMA !" L'intermédiaire en assurances d'AD est aussi incapable de dégotter un nouvel assureur. "Les agences estiment que notre rapport de sinistres est trop élevé bien que nous ne soyons pas responsables."
Face au désespoir, les proches du couple se démènent pour les aider. "Énormément de personnes m'ont conseillé tel ou tel assureur… Mais toujours sans succès", confie Christophe. Une amie s'est même chargée personnellement de contacter la presse par un long et émouvant mail.
Pour sauver la situation de ses cinq salariés (trois mécaniciens, un tôlier peintre et sa femme qui est secrétaire), le gérant a contacté le député Yannick Favennec et les maires des communes où il est implanté… Sans succès aussi. "Même eux ne peuvent rien faire ! Je suis usé moralement. Mes employés sont inquiets et solidaires. Ils comptent sur moi. On fait tout pour maintenir les services dans les petits villages mais les assureurs sont des marchands de fric."
Contactée, la MMA Ernée, sans élucider la question des sinistres non responsables, dit avoir "été à l'écoute de notre client dans cette situation complexe et [avoir] sécurisé son activité en lui proposant trois mois de garanties complémentaires". Et d'ajouter : "Le prix proposé par la concurrence reflète bien le prix du marché pour cette typologie d'activité." "Zéro tracas, zéro bla-bla" ironisent les Patry.
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