En attendant son " rendez-vous avec la nation ", Emmanuel Macron a promis une " année de détermination " et a assuré les Français, qu'il allait " agir, agir encore dans l'intérêt de la nation " et promouvoir un véritable " réarmement civique ". Mais ces déclarations d'intention maintes fois entendues, les Français n'y croient guère : ils se retrouvent seulement 11 % à estimer que le chef de l'État aura transformé le pays, selon le sondage Elabe pour BFMTV du 3 janvier.
Peut-être l'État devrait-il donner l'exemple en renonçant à l'infantilisation de la société ? Avec les meilleures intentions - à moins qu'on ne croie que transformer les citoyens en robots obéissants constitue un mode de gouvernement -, il refuse de fait à chacun le droit de décider par lui-même en multipliant les plans, les normes, les consignes et les contrôles ; sait-on que, par exemple, le Code du cinéma comporte plus de 1 000 pages ? La liste sans fin du carcan administratif promet de faire travailler les fonctionnaires de longues années et d'assurer aux avocats et autres juristes des journées de travail bien remplies.
Il conviendrait également de remettre en cause les schémas mentaux qui cadenassent la réflexion. C'est ainsi que la sélection reste perçue, sauf dans le sport, comme une pratique barbare ; on croit disposer des mêmes aptitudes et compétences que son voisin et que tout se vaut... Les sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron justifiaient même le refus de toute formation, ce que certains ont mis en œuvre au sein de l'Éducation nationale. On peut donc dire que la culture générale, qui permettait de mettre chacun à égalité, a été progressivement bannie au profit de l'enseignement de l'ignorance.
En même temps, il faudrait procéder, surtout dans l'ambiance laxiste qui prévaut, à la restauration de l'autorité légitime nécessaire à la vie commune. Il s'agit du respect des lois, mais aussi des comportements traditionnellement admis comme faisant partie de notre culture, à savoir ces règles de politesse et de savoir-vivre inculquées aux générations précédentes et qui ne posaient pas de problème. Mais, à partir du moment où a été prônée la diversité dans tous les domaines, le bien public ne pouvait plus être recherché. Aujourd'hui, on a ainsi oublié que l'autorité constitue la condition de l'éducation, tout comme l'exigence de tout gouvernement : c'est au pouvoir de se faire écouter et de se faire obéir sans recourir à la force, puis de donner les impulsions nécessaires.
Réarmer les Français, autrement dit leur donner des raisons de croire en leur avenir et leur fournir les moyens d'agir, ne sera pas facile.
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