Naître dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ne relève pas d'une sinécure pour une grande partie des Français, et ce jusqu'en nos villages du Bocage mayennais. Saint-Mars-sur-la-Futaie ne fait pas exception à la règle, et tout particulièrement pour l'une de ses enfants. Françoise Tréhet naît au sein d'une famille de propriétaires terriens aisés le 8 avril 1756. On connaît peu de choses sur son enfance à Saint-Mars. En revanche, l'histoire retient son tragique destin.
Des débuts à Évron et Saint-Pierre-des-Landes
Très vite dévouée au service de l'Église, Françoise Tréhet prononce ses vœux chez les sœurs de la Charité, future Notre-Dame d'Évron. Elle s'y occupe de l'éducation des fillettes et s'adonne à diverses œuvres de charité.
Pourvue d'un caractère affirmé et d'une forte volonté, la jeune femme est invitée à ouvrir une école paroissiale à Saint-Pierre-des-Landes, aidée dans cette tâche par sa sœur en religion, Jeanne Véron, de dix ans sa cadette, originaire de Quelaines et qui partagera sa fatale infortune. Ensemble, les deux religieuses font la classe et portent assistance aux malades de la paroisse.
Révolution et Terreur
Malheureusement, faire le bien n'est plus au goût du jour pour certains boutefeux sortis de l'ombre dès les premières heures de l'été 1789. La chasse aux religieux réfractaires devient une chasse aux sorcières comme aux plus sombres jours de l'Inquisition. Averties des tourments de la Révolution et de la Terreur qui ne tarde pas à s'en suivre, sœurs Françoise et Jeanne se dissimulent au mieux mais, dénoncées, elles sont arrêtées. Françoise Tréhet est entendue le 13 mars 1794 par la sinistre commission Clément, qui l'accuse d'avoir caché des réfractaires et soigné des Vendéens royalistes. Toujours ferme de caractère, elle répond à ses juges que « tout malade est un frère en Jésus-Christ et nécessite ses soins ». On lui demande alors de crier « longue vie à la République », ce qu'elle refuse. Elle est immédiatement condamnée à mort.
Son martyr reconnu
Le jour même, elle se rend à l'échafaud, dressé à Ernée, en chantant le Salve Regina. Elle n'a que 37 ans. Une semaine plus tard, sœur Jeanne Véron subit le même sort, avec le même courage. Toutes les deux furent victimes du même accusateur public : Jean-Baptiste Volcler, religieux et révolutionnaire (dont nous parlerons dans une prochaine édition).
Le martyr de Françoise Tréhet fut reconnu par l'église en même temps que celui des prêtres sacrifiés de Laval le 21 janvier 1794. Elle est béatifiée le 19 juin 1955 par le pape Pie XII. La mort de sœur Françoise et des siens fut aussi atroce que vaine puisqu'en 1803, à la demande de préfets pour le retour de la congrégation, celui de Laval met à la disposition des religieuses l'abbaye bénédictine d'Évron.
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