Tandis que les médias se concentrent sur Gabriel Attal et Rachida Dati, les agriculteurs français regardent les manifestations de leurs collègues allemands.
L'Allemagne étant considérée comme le pays-modèle de la discipline et de la concertation sociale, les médias français ont tendance, depuis des décennies, à négliger les événements qui contredisent le schéma général. La révolte des agriculteurs allemands, qui a éclaté en décembre, est victime du même effacement. Pourtant, on trouve sur les réseaux sociaux des images spectaculaires : manifestations monstres, blocages d'autoroutes, violences, paralysie de Berlin...
La cause directe de la révolte fait penser à celle qui avait mobilisé les Gilets jaunes : une affaire de carburant, en l'occurrence la suppression d'une subvention pour le gazole agricole qui alourdit les coûts des exploitants. Le gouvernement allemand a justifié cette suppression par la nécessité de faire des économies, en raison d'une décision de la cour constitutionnelle de Karlsruhe qui a annulé un programme de 60 milliards d'investissements. Les autorités fédérales ont ajouté que le gazole était nuisible pour le climat, sans indiquer de solution de remplacement. Elles ont aggravé leur cas en affirmant que les manifestants étaient d'extrême droite, alors que c'est le syndicat agricole DBV qui mène le mouvement.
Le gouvernement allemand est dans l'impasse. Dans un pays qui s'est privé du nucléaire et qui ne bénéficie plus du gaz russe, la crise énergétique est sans solution à court terme. La suppression de la subvention pour le gazole va faire monter les prix alors que les Allemands subissent, comme les Français, une forte inflation sur les prix alimentaires.
Viser les agriculteurs est particulièrement maladroit car le secteur est en crise : depuis dix ans, on enregistre la disparition de dix exploitations par jour. C'est toute la politique agricole de l'Union européenne qui est mise en cause et les agriculteurs français sont directement concernés par la lutte engagée de l'autre côté du Rhin.
La situation sociale est d'autant plus préoccupante en Allemagne qu'une nouvelle grève a éclaté dans le transport ferroviaire, victime depuis des années d'une profonde désorganisation.
S'il y avait convergence des révoltes, se poserait le problème de leur contagion en France et dans plusieurs autres pays européens.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.