La cour d'assises attaque sa troisième journée d'assise, mercredi 17 janvier, qui débouchera sur la décision du juge pour l'affaire du meurtre de Saint-Pierre-des-Nids. Le mardi 12 janvier 2021, une femme appelle les services de secours : "J'ai tiré sur un homme… Il m'a violentée… Il saigne du ventre… Venez vite !" Malgré les conseils donnés par l'opérateur et l'intervention rapide des pompiers, l'homme succombe quelques minutes plus tard. Lundi 15 janvier 2024, la cour d'assises est longuement revenue sur les faits, décrivant un contexte fortement imbibé d'alcool, ainsi que sur les protagonistes de l'affaire.
Trois témoins auditionnés
Mardi 16 janvier, la journée débute par l'audition de trois témoins. Le premier à être confronté à la Cour est un ami, dernière personne à qui la victime a tenté de s'adresser. Mais l'appel restera sans réponse et le message posté est assez incompréhensible car l'appelant semble déjà bien imbibé par l'alcool. Le jeune homme ne se montre guère loquace face aux questions du Président et ce dernier doit lui relire les déclarations qu'il avait faites aux enquêteurs en 2021. "Il était là-bas alors qu'il avait dit qu'il n'irait plus… il savait qu'elle était capable d'être violente… il avait dit s'il m'arrive quelque chose, tu récupéreras mon chien.'"
Puis ce sont les parents de la victime qui ont l'opportunité de s'exprimer en vidéoconférence. Tout d'abord le père qui avait "coupé les ponts" avec son fils avant d'avoir ces derniers temps pu échanger par téléphone. Le septuagénaire n'a jamais rencontré l'avocate qui représente ses intérêts pas plus qu'il ne s'est rendu en Mayenne. Il rappelle qu'il a fait transporter le corps de son fils et lui a fait mettre une dalle sur sa sépulture et il en donne le coût à la Cour. Ses derniers mots seront pour espérer qu'une peine exemplaire sera prononcée à l'encontre de l'accusée. La maman avait, quant à elle, rencontré la compagne de son fils et elle avoue ne pas en avoir une idée positive. Selon elle, son fils était venu s'installer dans les Landes près de chez elle car il voulait fuir l'emprise de l'accusée.
La femme a été interrogée
Pendant cette deuxième partie de la journée, la Cour va se concentrer sur la personnalité de la femme qui se trouve dans le box.
L'accusée se lève pour répondre aux diverses questions du Président, des avocats et du Parquet. Elle est petite, le visage fatigué par les addictions et son manteau semble trop grand pour son cou qui s'y enfonce au fur et à mesure de ses gesticulations. Elle dit avoir du mal à entendre les questions et on lui reprochera souvent de répondre à côté ou en tous les cas à l'envers de ses déclarations initiales.
Elle dit ne pas se souvenir d'éléments qui semblent importants aux yeux du Président et ses réponses couvrent les questions du magistrat qui lui reproche ses digressions. Lorsque les interrogations portent sur les moments fatidiques du meurtre, elle dit avoir subi des insultes puis des coups de la part de son compagnon ce qui la "terrorisait". Elle dit tenter de se cacher dans le dressing, sa main tombe sur la crosse du fusil et elle affirme ne pas avoir eu l'intention de tuer.
Le plus difficile pour elle est à venir quand monsieur l'Avocat Général quitte, pour la deuxième fois dans ce procès, son estrade afin de s'adresser "les yeux dans les yeux" à la sexagénaire. Le magistrat pose des questions incisives sur les appels téléphoniques, met en doute le timing des évènements et doute que la femme ait appelé les secours avant la mort de son ex-compagnon.
Pourtant c'est l'avocat de la défense qui va lui faire dire ce qu'elle n'avait jamais évoqué jusqu'alors. "Qu'avez-vous ressenti en attendant les secours ? - J'ai revu les violences du passé… je revenais d'un bal quand un homme s'est arrêté…"
Le Président lui demande pourquoi elle n'a jamais évoqué ces faits auparavant et l'accusée répond : "Parce que cela évoque la honte et on ne parlait pas de ces choses à l'époque."
Expertises et enquête de personnalité
L'après-midi est consacré aux rapports des psychiatres, psychologues et à l'enquête de personnalité. Le témoignage de ses deux frères n'apporte rien de probant.
En soirée, la parole est redonnée à l'accusée pour parler de sa personnalité et elle parle brièvement de ses engagements politiques et s'embrouille sur la chronologie de son parcours. La femme finira par reconnaître que son alcoolisme est lié à une pathologie et admet devoir se faire soigner lors de son incarcération.
Le Président conclu la deuxième journée du procès en citant les questions qui seront posées à la Cour : Les violences étaient-elles volontaires ? Ont-elles entraîné la mort ? Avait-elle l'intention de donner la mort ? Y avait-il altération du discernement ? Y avait-il des circonstances particulières ?
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