Le procès examiné par les assises de la Mayenne s'est terminé, mercredi 17 janvier, par une troisième journée consacrée aux plaidoiries des parties civiles, aux réquisitions de l'avocat général et à la plaidoirie de l'avocat de la défense. Ce procès concernait une femme âgée aujourd'hui de 66 ans, qui a tué un homme le 11 décembre 2021 à La Moussardière, dans la commune de Saint-Pierre-des-Nids. Le procureur de la République a requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle. Le tribunal a finalement condamné l'accusée à 15 ans de réclusion criminelle, estimant qu'elle n'avait pas l'intention de donner la mort. Il a retenu le concubinage et juge qu'il n'y a pas altération du discernement, ni troubles psychologiques.
Les faits
L'accusée, une femme de 64 ans au moment des faits, a tiré un coup de fusil mortel sur son ex-compagnon, un homme qu'elle avait connu lors d'un séjour en hôpital psychiatrique afin d'y suivre des soins pour leur addiction à l'alcool.
Les deux sont devenus compagnons de vie pendant quelques années, jusqu'à ce que le quadragénaire décide de s'éloigner dans le bourg situé à 12 km de la longère. Mais, en ce soir du 11 janvier, les deux protagonistes se retrouvent après un échange téléphonique. L'alcool coule à flots et les relations du couple vont dégénérer. C'est peu après minuit que les secours reçoivent l'appel d'une femme qui dit avoir tiré sur un homme violent envers elle. La victime succombera rapidement, touchée d'une balle de fusil dans l'abdomen.
Le profil des protagonistes
La femme qui comparait dans le box des accusés est petite, le visage marqué par les addictions d'où ressortent des yeux vifs et expressifs. Elle dit "ne pas bien entendre les questions du président" : on lui reproche de répondre à côté ou bien de continuer à parler par-dessus la voix de son interlocuteur. Le président s'insurge contre ses digressions et doit souvent se répéter dans l'attente d'une réponse cohérente. Les experts psychologues, les témoins et même le parquet vont la décrire comme "intelligente" mais aussi "manipulatrice".
La victime était un homme d'une quarantaine d'années ayant eu une enfance heureuse, jusqu'à la séparation de ses parents quand il avait 16 ans.
Ce qu'ont dit les avocats
En cette dernière matinée du procès, les avocates des parties civiles sont revenues sur les événements de cette tragique soirée.
Maître Girard, représentant les intérêts du père de la victime, a commencé sa plaidoirie en insistant sur toutes les incohérences contenues dans les propos de sa meurtrière. Pour l'avocate, l'accusée était seule depuis le départ d'un jeune homme qu'elle avait hébergé pendant deux mois. Elle avait besoin d'alcool et ne pouvait pas se déplacer seule. L'ex-compagnon va revenir la voir car elle a toujours eu énormément d'influence sur lui… "C'était sa reine." La plaideuse réaffirme que la victime n'était pas violente.
Maître Bengono, représentant la mère de la victime, rappelle que les intérêts du décédé sont bafoués : il ne peut pas s'exprimer et se défendre, à la différence de l'accusée. L'avocate est certaine que cette femme "l'a tiré vers le bas" et rappelle une nouvelle fois que la victime "a essayé de s'en éloigner". La jeune femme affirme que l'accusée a eu l'intention de donner la mort.
Le parquet réclame 20 ans de réclusion
Le parquet a commencé par expliquer les enjeux de leur décision aux jurés qui ne sont pas des habitués des tribunaux. L'avocat général a écarté tout d'abord la notion de "légitime défense", puisque la victime n'avait pas d'arme. Le magistrat retient ensuite la notion de concubinage comme circonstance aggravante. Il est aussi persuadé qu'il y a intention de tuer.
L'avocat général s'est penché ensuite sur la personnalité de l'accusée qu'il a qualifiée plusieurs fois "d'intelligente" mais aussi de "mystérieuse", capable d'inventer une histoire. Le magistrat s'est interrogé notamment sur les pertes de mémoire de la sexagénaire, doutant de la violence physique de son compagnon. Le magistrat est revenu sur les faits au moment du drame et ne comprend pas l'attitude de l'accusée, qui aurait pu se réfugier dans une pièce fermant à clé. Démolissant ainsi tous les arguments de la meurtrière, le magistrat requiert une peine de 20 ans de réclusion.
La défense à l'action
Maitre Rep, du barreau de Paris, ne peut contester la culpabilité de sa cliente mais s'insurge contre la peine réclamée par le parquet : "Vous n'êtes pas dans l'excès mais dans la démesure… C'est pitoyable."
L'avocat trouve deux coupables : "L'une est dans le box des accusés, l'autre est l'alcool." Il est certain que l'intention de sa cliente était de se protéger et tout aussi certain que la victime voulait l'attraper puisqu'il est monté à l'étage de son propre gré. L'avocat met en doute le concubinage des deux puisqu'ils étaient séparés. Enfin, Maître Rep va insister sur la personnalité de sa cliente qui a été violée il y a 50 ans sous la menace d'un couteau et qui a caché ces événements, par honte. "C'est ce qui explique ses séjours en hôpital psychiatrique." Pour conclure, l'avocat affirme que le discernement de sa cliente était altéré au moment des faits.
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