Le 30 janvier 2021, un jeune homme est mort au bas de l'ascenseur du 32 de la rue Mortier à Laval. Il est mort car il a croisé quelques secondes le couteau d'un violent personnage, alcoolisé et colérique. Il est mort le ventre ouvert et l'aorte tranchée à l'âge de 19 ans quand une vie l'attendait : il avait choisi de servir son pays au sein de l'armée française et allait se fiancer. Il était originaire de Mayotte, tout comme son meurtrier. "Les deux hommes n'ont pas pris le même chemin", a souligné le président de la cour d'assises de Mayenne le vendredi 19 janvier.
La mère de la victime a pardonné
Lors de la première journée, la mère de la victime a traversé la Terre pour connaître celui qui avait ôté la vie de son fils : elle l'a regardé fixement et lui a pardonné. Elle n'aura pourtant pas d'autres explications sur les faits. Pendant l'interrogatoire de l'accusé, il n'a cessé de répéter les mêmes mots : "Je n'ai pas le souvenir de ce qui s'est passé… je ne sais pas… je n'étais pas moi-même… je n'ai pas d'explication." Pour une histoire de clés oubliées et parce que l'alcool avait coulé à flots ce soir-là dans l'appartement de l'accusé, son fils arrivé sur les lieux par hasard a été tué. À l'origine, il passait une soirée dans une maison de location à quelques kilomètres de Laval en compagnie d'un ami. Ils ont été rejoints par le colocataire de l'accusé qui leur a demandé de le raccompagner chez lui pour rapporter les clefs à l'homme qui attendait devant la porte.
Le président est revenu sur ses différentes déclarations recueillies lors des interrogatoires précédents, qualifiant l'auteur du coup de "quelqu'un qui veut faire du mal avec une lame enfoncée jusqu'à la colonne vertébrale".
Un caractère renfermé, en colère
L'enquêteur de personnalité intervient ensuite et évoque le parcours de vie de l'accusé. Tout d'abord sa vie à Mayotte, où le contexte est dangereux et où il est issu d'une famille polygame. L'expert évoque son caractère très renfermé, plein de colère et sa solitude. Il a eu un enfant avec une première compagne et, après un passage par la Réunion ponctué de premiers contacts avec la justice, il rejoint la métropole et sa sœur aînée : il a eu aussi deux autres enfants avec une seconde compagne. Son jeune frère arrivé un peu plus tard se donne la mort. Il réussit à trouver un emploi à temps partiel de maçon et obtient un appartement quand le meurtre du 30 janvier a lieu.
Au contraire, maître Proust plaide pour la partie civile en revenant sur la personnalité exemplaire de la victime pendant que la famille derrière lui éclate en sanglots. L'avocat termine par une citation de Jean Cocteau : "Le vrai tombeau des morts, c'est le cœur des vivants." L'avocate générale va revenir pendant près d'une heure sur la terrible mécanique qui va conduire les acteurs jusqu'au drame final. Après avoir retenu l'intention de donner la mort, énuméré les éléments constitutifs et évoqué le parcours de vie de l'accusé, la magistrate requiert 18 années de réclusion.
La défense est assurée par Maître Gauthier, du barreau d'Alençon. Si l'avocate ne peut contester que son client était le seul à avoir un couteau et que la victime est décédée d'un coup de couteau, elle ne reconnaît pas l'élément intentionnel. La plaideuse est persuadée que l'arme était simplement destinée à faire peur et que le drame est la conséquence d'une bousculade.
Après quatre heures de délibéré, la cour a reconnu la culpabilité de l'homme de 28 ans et suivi les réquisitions du parquet en le condamnant à 18 années de réclusion criminelle et à des mesures de soin.
Le président justifie cette condamnation par la volonté qu'a eue l'accusé de poursuivre les personnes, la volonté de faire peur, le fait de ne pas avoir porté secours aux victimes. Le magistrat poursuit en soulignant l'atteinte à la vie d'un jeune homme de 19 ans, l'absence de motif, la dangerosité moyenne du meurtrier, le contexte toxique de l'alcool et surtout son absence d'évocation des faits.
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