Cité de quelque 450 habitants, Désertines pointe au nord du Bocage mayennais, à la limite de l'Orne. Un petit bourg rural certes, mais qui offre à l'histoire quelques incontournables figures. L'une d'elles y est née le 8 novembre 1857 dans un grand domaine terrien. Marie Guérin y voit le jour, mais c'est Myriam Thélen, son pseudonyme, sa jumelle en quelque sorte, qui marquera son époque.
Amoureuse des arts et mécène
On connaît peu de l'enfance de Marie, tant Myriam s'est substituée à elle. On la retrouve lorsqu'elle épouse Eugène Nélet, juge à Fougères, où elle demeurera jusqu'à la fin du XIXe siècle. Veuve en 1897, elle s'installe dans le 16e arrondissement de Paris où elle vit trois passions qui se télescopent : l'écriture, le féminisme, la foi catholique. Considérée souvent comme précurseur de la cause des femmes, elle est rapidement marginalisée à cause de ses convictions religieuses.
Pieuse, amoureuse des arts et mécène, elle commande notamment à l'artiste lavallois Auguste Alleaume des vitraux de la venue d'Anne de Bretagne, l'un pour le château de Fougères et l'autre pour l'église Saint-Sulpice de Désertines. Sans enfant, elle adopte et marraine la jeune Marie-Élise Ilari Myriam Boltanski, devenue elle-même autrice sous le pseudonyme d'Annie Lauran.
Des relations compliquées avec les enfants
Mais il semble que les relations entre la mère et la fille adoptive soient compliquées, selon les dires de l'écrivain Christophe Boltanski. Ce dernier, né en 1962, dépeint son aïeule Myriam telle une dame patronnesse. Celle-ci a légué à la ville de Fougères un immeuble qui deviendra un orphelinat, Œuvres de Sainte-Marthe. L'arrière-petit-fils de l'écrivaine dira de cette crèche qu'elle collectionnait les enfants comme certains les trophées et que pour les filles recueillies à Fougères, Myriam ne désirait qu'un avenir de communiantes et de bottières.
À sa mort, le 8 janvier 1929 à Paris, Marie Guérin lègue à Marie-Élise l'ensemble de ses fermages… malheureusement laissés à l'abandon, de même que le manoir y afférant.
Myriam Thélen laisse à la postérité quelques romans dont À l'aube, Les aventures d'une bourgeoise à Paris, Ceux d'hier et, surtout, La mésangère, qui obtient en 1909 le prix Montyon de l'Académie française. Finalement, c'est bien Marie Guérin qui est revenue reposer, voilà près d'un siècle, dans le cimetière de son village natal.
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