Le tracteur tangue tel un navire dans la mer du Nord… ou presque. En ce jour pluvieux de début décembre, Claude Bernard s'enfonce dans les tranchées de boue que son véhicule a tracées depuis deux mois. L'agriculteur retraité porte du foin aux quelques bêtes qu'il lui reste dans la stabulation qu'il loue à ses voisins depuis 2011.
À cause des pluies abondantes et des passages répétés, le chemin pour accéder à la stabulation est quasiment impraticable. - Théo Duchet
« Le 20 septembre, mes voisins m'ont coupé l'accès au bâtiment qui me servait pour abriter et soigner mes animaux, pose celui qui dispose encore d'une soixantaine de bovins avec sa femme Annie. Nous avions pourtant un bail oral* jusqu'en 2025. » Le Chaillandais de 60 ans est donc contraint de passer dans un champ rendu presque impraticable par les pluies.
Le souci du bien-être animal
« Il y a un accès prévu conventionnellement à travers ses champs à lui et ceux de ses voisins, rétorque maître Patrice Lechartre, l'avocat de la famille Lucas, propriétaire du bâtiment de 800 m2. Un pont avait été créé pour faciliter l'accès. Mais monsieur Bernard a voulu changer ensuite l'accès et utiliser un accès par chez les Lucas. »
Ce passage évoqué par le représentant de Delafond Lechartre Gilet SCP est un chemin de gravier. Il est aujourd'hui barré par un portail en métal derrière lequel sont posées des briques de béton et des planches en bois pour éviter tout passage en force de Claude Bernard. Ce sentier d'une centaine de mètres - que ses voisins n'utilisent pas - permettrait à celui qui possède aussi 25 chevaux d'éviter son fastidieux détour et de rester plus proche de ses bêtes.
La servitude est désormais complètement inutilisée. - Théo Duchet
« Je suis négociateur de bovins… J'ai le souci du bien-être animal. C'est compliqué d'en prendre soin maintenant », se plaint-il. Concernant le pont abordé par Patrice Lechartre, nous ne l'avons pas vu sur place et Claude Bernard évoque « une simple buse posée à l'époque ». « Les Lucas aspirent à une retraite tranquille, rétorque Patrice Lechartre. Mais madame Lucas m'a rapporté que monsieur Bernard a tendance à se comporter comme le propriétaire. »
Un jugement en appel en avril
L'éleveur est surtout remonté contre le fils de ses voisins. Gérant d'une entreprise de maçonnerie, il n'apprécierait pas les passages répétés de Claude Bernard. « Les tracteurs salissent », confirme l'avocat.
L'affaire est actuellement entre les mains du tribunal paritaire des baux ruraux de Laval. Le 27 décembre, après un jugement le 11 novembre, une ordonnance de référé a débouté l'homme, « en colère ». Il a fait appel et le tribunal jugera de l'affaire en avril.
* : Le bail rural verbal est valable s'il répond à la mise à disposition, contre paiement d'un loyer ou fermage, d'un immeuble à usage agricole.
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