Dans sa voix grave et posée, une certaine fierté, tentée d'humilité, s'entend au téléphone. Le sourire et la vivacité du discours de sa maman, venue toquer à notre porte, dessinent une fierté décuplée… Peut-être même démesurée par l'amour à en croire l'intéressé. Raphaël Pavard, qui a grandi à Mayenne, a accompli son rêve de devenir dessinateur de bande dessinée au début de l'année, à 41 ans.
"Du matin au soir je dessine"
Sa mère nous a parlé d'un "best-seller". Lui tempère : "C'est un très bon succès critique. Mais ça commence à décoller au niveau des ventes. J'ai de très bons retours." Qu'importe ce détail, l'histoire est belle. "J'ai toujours voulu faire de la BD, confie celui qui a arpenté les murs du lycée Lavoisier avant ceux de l'école d'art Pivaut à Nantes. C'est une obsession pour moi. Du matin au soir je dessine, même mentalement dans le métro, en marchant dans la rue…"
"Ça me faisait rêver, le pouvoir illimité du crayon." Passionné et inspiré par les œuvres de François Bourgeon, Mœbius et Hayao Miyazaki, Raphaël Pavard a baroudé dans "l'illustration, la peinture…" depuis la sortie de l'école et sa tentative infructueuse (mais encourageante) de faire publier "un projet de science-fiction". "Toujours resté dans l'art" et "toujours à remplir des carnets de dessins", sa patience porte ses fruits.
Un contrat avec Glénat
"Un beau jour, il y a quatre ou cinq ans, un de mes meilleurs amis de l'école de Nantes me met en lien avec des contacts de contacts qui recherchent un dessinateur pour un polar." Ces contacts ne sont autres que Mark Eacersall et Henri Scala, multirécompensés pour leur premier roman graphique sorti en 2020 GoSt 111. Après avoir montré ses qualités via un solide portfolio, le Mayennais décroche un contrat avec Glénat, la grande maison d'édition française de BD (Titeuf, Lou !, Kid Paddle…).
Le dessinateur décrit l'héroïne comme une "vraie femme d'aujourd'hui" - Raphaël Pavard
Raphaël se charge donc d'illustrer À mourir entre les bras de ma nourrice, paru le 10 janvier. "La trajectoire périlleuse d'une mère de famille dans une cité tenue par des trafiquants", résume l'éditeur sur son site internet. "J'ai essayé d'apporter un peu de poésie, avec des couleurs qui correspondent aux émotions de l'héroïne. C'est expressionniste, pas réaliste. J'ai le trait libre et sauvage, la couleur directe."
Son premier festival d'Angoulême
Sur les planches (extraits sur www.glenat.com), aquarelle, gouache et acrylique peignent un univers entre crainte, colère et lassitude. Appréciée pour ses couleurs, la réalité de l'héroïne ("une vraie femme d'aujourd'hui") et son suspens jusqu'à la dernière page, l'œuvre a été prix RTL-Cultura BD du mois de janvier.
Avec ses compères, le dessinateur fait le tour de France pour des dédicaces, avec notamment un "baptême du feu" au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, "aussi génial que fatigant". "C'est vraiment un plaisir après quatre ans dans mon coin de pouvoir discuter avec tout ce monde et d'avoir leurs impressions."
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