Au bout des doigts de certains, les cigarettes ne font pas long feu. Devant la mairie, ce jeudi soir 22 février, une troupe qui ne fait que croître depuis 18h55 gronde de plus en plus fort. Commerçantes et commerçants du centre-ville s'apprêtent à faire irruption au conseil municipal de Mayenne qui a commencé 30 minutes plus tôt. Ils sont une quinzaine, sans compter les absents, à se révolter contre le jardin éphémère qui doit faire son retour au printemps.
"Ma pancarte est pourrie. Votre idée aussi"
"C'est la survie de nos commerces qui est en jeu !", s'emballe Sylvie Bodey, gérante du bar La Renaissance, en arrivant sous le préau de la mairie. Peu de bavardages, tout le monde est à l'heure. Voilà les révoltés qui entrent dans la salle du conseil. Sans vacarme, ils s'installent au fond et brandissent leurs pancartes.
Florilège : "Non à la mort du centre-ville !" "Êtes-vous prêts à racheter nos commerces Mr Le Maire ???" "Ma pancarte est pourrie. Votre idée aussi !!" Après avoir respectueusement attendu la fin du point de préambule de la séance, Sylvie Bodey, en porte-parole, prend le micro à l'invitation du maire.
Sa voix n'a pas baissé d'un ton depuis qu'elle est arrivée devant l'hôtel de ville. "Sans commerçant, nous n'avons pas de centre-ville !", tonne-t-elle après avoir reproché au maire de ne pas avoir honoré une promesse de réunion avec eux depuis septembre-octobre. "On est d'accord pour la végétalisation… C'est une belle idée… Mais ne prenez pas nos places de parking !"
Une baisse des chiffres d'affaires pour tous
Marie-Juline Ferron, gérante de Dressing Chic, se lève et enchaîne : "Nous sommes unanimes en centre-ville. Il y a eu une baisse des chiffres d'affaires cet été et la fréquentation a chuté. Il fallait être là quand vous avez remis les places de parking. C'était la ruée dans nos boutiques !"
Impassible, le maire Jean-Pierre Le Scornet lance sa défense : "Nous avons des contacts réguliers avec l'union des commerçants (UCAVM). Mais elle est trop éparse et nous espérons une union plus regroupée. Il y a même des cafés des commerçants. Mais il y a une dispersion des énergies commerçantes. Concernant la végétalisation, le jardin ne sera pas le même. On va réintroduire des places. Le projet a été revu et corrigé. Mais nous sommes prêts à en rediscuter."
Vient l'erreur. L'édile évoque "la responsabilité des clients" avec "l'évolution du mode d'acheter". "Mais nous sommes des commerces de proximité !", coupe Jean-Michel Grandin, gérant d'Afflelou Mayenne, se levant d'un coup, sans micro. Dominique Fournier, première adjointe, continue quand même sur la problématique d'internet, des colis… "Mais vos lunettes vous les achetez sur Internet ?", s'emporte de nouveau l'opticien, avançant aussi que la population âgée du territoire ne se rendrait pas à pied dans le centre-ville vallonné.
"Il se moque de nous"
Et alors que les prises de parole sont de plus en plus compliquées, Marie-Juline Ferron lâche : "Pourquoi n'avez-vous pas tenu votre parole ?" Jean-Pierre Le Scornet sort de ses gonds : "Écoutez, j'ai un interlocuteur principal, c'est l'Union commerciale ! Je les ai rencontrés plusieurs fois." Confusion de quelques secondes.
Sylvie Bodey reprend la parole et évoque un différend avec l'ancien président de l'UCAVM, François Beaupied. Le maire cache alors difficilement un sourire que toutes et tous ont remarqué. "Il se moque de nous", diront-ils en sortant. Ils sortent d'ailleurs car le maire leur a promis une réunion dès la semaine prochaine.
Dehors, le regroupement dure une vingtaine de minutes. La troupe s'accorde à adhérer massivement à l'UCAVM pour gagner en impact avant de se séparer dans une nuit qu'elle a rendu orageuse.
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