Rue Aristide-Briand : 34 locaux commerciaux, 10 vitrines vides. Parmi elles, celle de l'ex Salon d'Aristide. Sa vitre est poussiéreuse et grasse. Dedans, des mauvaises herbes et des racines poussent. Sur Google street view, on peut voir qu'en juillet 2022, l'agence immobilière Zambon (qui n'a pas voulu témoigner) cherchait encore un preneur pour ce local fermé en 2019. L'affiche « Locaux disponibles » a depuis disparu.
18% de taux de vacance commerciale
Rues Charles-de-Gaulle, du Sergent-Louvrier et du 130e RI, les fermetures s'accumulent. Ce mois de février, à notre connaissance, la boucherie Bignon, La Fée partagée et Bellissima ont fermé dans le secteur concerné, contre une ouverture. Et une quinzaine de commerçants sont intervenus au conseil municipal du 22 février pour manifester leur grande inquiétude vis-à-vis du retour annoncé du jardin éphémère dès avril.
Le taux de vacance commerciale est de 18 % sur la partie Notre-Dame pour 147 locaux, nous communique Muriel Roche, manager des commerces employée par la CCI pour Mayenne Communauté et auprès de l'Union des commerçants de la ville (UCAVM). « C'est élevé, regrette-t-elle. Mais c'est très fluctuant. En 2020, nous étions à environ 20 %, donc cela a tendance à baisser. »
« Ville fantôme »
« Il y a une désertification complète du centre-ville, commente Vincent de Quénetain, fondateur de l'historique agence immobilière de Mayenne. Il y a déjà un problème de surfaces. Elles sont petites en centre-ville. Les commerçants préfèrent désormais se trouver sur la route de Laval, dans la zone du Hyper U où c'est plus grand avec des loyers acceptables. »
Un vendeur d'une boutique de la rue Aristide-Briand confirme et complète : « Dans le secteur, les locaux sont vieux et mal isolés, ce qui augmente les charges. » Ce jeune homme qui a grandi à Mayenne et qui comptait y passer toute sa vie remet son projet en question. « Il y a de moins en moins de commerces, de personnes et de jeunes. On se demande parfois si ce n'est pas une ville fantôme… Ça rend Mayenne triste. »
Le problème des places de parking
Marie de Quénetain, fille du fondateur et désormais gérante, souligne aussi un aménagement urbain compliqué, « déplorable » même pour son père. « Je prends toujours l'exemple de la maman avec une poussette et un enfant à pied. Si elle veut faire un tour rue Aristide-Briand, c'est dangereux car étroit et en pente. » Dans cette problématique de l'aménagement, le stationnement fait débat. Il est gratuit 1h30 sur les zones bleus et sans limite dans le parking du château (107 places, accès place Clémenceau).
« Mais les gens veulent se garer juste devant les commerces, constate Nelly Robin-Savary, gérante depuis dix-sept ans de La Maison de Lili. Dès que c'est trop loin ils ne veulent plus venir. » Le parking du château souffre aussi d'une mauvaise signalétique, de son étroitesse et d'une certaine insalubrité.
« Moins on est, moins c'est attractif »
Pour les affaires, « pour l'instant ça va », s'accordent Nelly Robin-Savary et Béatrice Mauget, autre historique gérante de Que pour elle depuis 21 ans. « Mais ce n'est plus ce que c'était », concède la seconde. « Moins on est, moins c'est attractif », ajoute la première. Et quand un commerce ferme, trouver un repreneur relève presque de l'impossible.
« On a du mal à trouver des candidats, témoigne Jérémy Bernard, commercial à De Quénetain. Étonnamment, on a loué trois, quatre locaux récemment... mais à des prestataires. » Même quand le fonds de commerce est bon, les repreneurs ne se présentent pas. « J'ai cherché pendant quatre ans à vendre, confie Guy Metrard, gérant de Juliane Chaussures entre 2009 et septembre 2023. Le confinement a changé les habitudes. Les gens ne veulent plus travailler six jours sur sept jusqu'à 20h passées. »
Un schéma de développement commercial bientôt restitué
Lors du dernier conseil municipal, le maire Jean-Pierre Le Scornet a dit « partager les inquiétudes » des commerçants. Mais Mayenne Communauté travaille depuis un peu moins d'an sur un schéma de développement commercial. Sa restitution, fruit d'une enquête territoriale et en ligne, est prévue courant mars. « Nous allons préconiser plusieurs axes de travail pour redynamiser, révèle Muriel Roche. On veut par exemple réduire l'impact des cellules vides en incitant les propriétaires à faire des travaux de rénovation. »
Le président de l'UCAVM, Frédéric Ségura, tempère en rappelant que sur l'ensemble de la ville, 30 commerces ont ouvert en 2023, contre 18 fermetures.
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