Pourquoi organiser un évènement chaque année ?
Je suis consultant en numérique responsable à Caen. Je travaille depuis vingt ans dans le numérique et depuis six ans, je me suis spécialisé sur les enjeux environnementaux et sociétaux du numérique. Je ne comprenais pas pourquoi on remplaçait des ordinateurs alors qu'ils fonctionnaient encore très bien : obsolescence programmée, logicielle, lenteurs… Au fil de l'eau, je me suis posé de nombreuses questions sur la face cachée du numérique et petit à petit j'ai compris les enjeux sur notre impact environnemental. En 2019, une étude estime que l'impact environnemental du numérique équivaut à celui de l'aviation civile : 4 % des émissions à effet de serre.
Quand avez-vous commencé votre projet ?
En 2020, j'ai voulu sensibiliser le maximum de personnes : l'impact le plus important sur l'environnement est la création du matériel qui nécessite des ressources comme les métaux rares. L'idée est de supprimer ses données, ses mails, nettoyer ses fichiers : une action simple qui a un impact. Photos floues, vidéos erronées, ils sont nombreux les fichiers stockés dans nos matériaux qui ne servent à rien. Cette économie sur le disque dur va ralentir le changement de disque dur : cela nécessite moins de matériaux pour en construire un neuf. À l'échelle du climat, c'est risible… Mais c'est notre participation.
Comment se déroule l'évènement ?
On fournit des outils gratuits pour nettoyage de mails et nettoyage bureautique. Particuliers, associations, collectivités, écoles : chacun s'approprie l'évènement et le fait à sa sauce. Il a lieu du 11 au 16 mars avec pour point d'orgue le 16 mars. L'idée n'est pas un cours théorique mais une sensibilisation sur l'impact environnemental. Une fois le ménage fait, on remonte les données pour apporter des statistiques au niveau national et international. C'est un projet d'intérêt général au premier sens du terme. Les structures s'approprient le projet, des groupes internationaux à la très petite entreprise. En 2019, nous avons axé notre projet sur la suppression des données. Cependant, ça ne faisait pas passer le message de l'impact du matériel sur la planète : c'est tout l'objectif de la partie réemploi aujourd'hui. Plus on retarde l'échéance de la fin de vie du matériel plus on se donne la possibilité de recycler les métaux lourds et les terres rares.
Votre évènement attire du monde ?
On a plusieurs milliers de personnes qui ont participé l'année dernière. Cette année, plus de 1 200 évènements ont lieu en France. Les personnes s'inscrivent en expliquant comment elles organisent l'évènement. Nous avons dix à quinze bénévoles qui organisent mais chacun se gère.
D'où est venue cette idée ?
C'est en 2008 que j'ai commencé à m'intéresser au climat à travers une conférence. Ça m'a beaucoup fait réfléchir sur les enjeux de la planète. C'était le lien avec mon métier d'informaticien qui a été difficile à trouver. J'ai 42 ans et j'ai deux enfants et ils sont conscients du sujet. Nous sommes une famille orientée sur le zéro déchet. Je réemploie beaucoup.
Quel conseil donneriez-vous aux lecteurs ?
Nettoyer ses données, c'est facile. Il suffit de cliquer sur un bouton : libérer les applications dont on ne se sert pas, supprimer nos données inutiles. Il faut prendre soin de son smartphone : écrans de protection, coque, batterie… Plus il sera protégé, plus il durera.
4 748
est le total de terraoctets supprimés durant de la campagne 2023 organisée par Kévin Guérin et son équipe de bénévoles pendant le Digital Cleanup Day. Le Mayennais originaire de Château-Gontier organise cet évènement depuis cinq ans réunissant collectivités territoriales, écoles, associations et particuliers. Toujours en 2023, 24 956 appareils ont été réemployés au lieu d'être jetés.
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