Comment avez-vous vécu les 40 jours du carême ?
Il est un temps fort pour nous, comme pour tous les chrétiens : nous le vivons comme une entrée au désert. D'ailleurs, la vie d'une carmélite est celle d'une marche au désert. Nous intensifions la solitude et le silence pour rechercher la face du Christ. Nous avons moins d'échanges avec nos proches pour nous consacrer principalement à étudier la parole de Dieu. Il y a aussi une accentuation du jeûne. Ce n'est pas une interdiction catégorique : nous jeûnons pour montrer à Dieu que notre vie lui appartient. Nous cherchons à nous dépouiller de ce qui nous encombre, de ce qui nous empêche d'aller vers lui. C'est le sens profond du jeûne. Nous pouvons nous priver de différentes manières : internet ou le téléphone portable occupent beaucoup l'esprit de nos contemporains, par exemple.
Comment se passe une journée type dans le carmel ?
Nous pratiquons les trois huit : huit heures de repos, huit heures de travail, huit heures de prières. Nous nous levons à 5h30 le matin. Nous avons une première prière en silence, l'oraison, la spécificité du carmel à 6h. À 7h, c'est le petit-déjeuner. On récite l'office liturgique ensuite, les laudes et la messe. Ensuite chacune va à son travail : fabrication des hosties, principale activité économique, mais aussi les tâches de la vie quotidienne. On retourne à l'office de sexte vers midi moins le quart. Le repas s'ensuit avec une demi-heure de temps personnel. Nous travaillons ensuite jusqu'à 17h. Il y a une heure de lecture spirituelle pour se ressourcer. À 17h, viennent les vêpres et ensuite encore une heure d'oraison. La récréation, c'est le temps de la communauté, nous échangeons, nous blaguons, nous donnons des nouvelles avant le dîner. Nous terminons la journée avec le dernier temps de prière, l'office des lectures et les complies qui mènent à 21h. Ensuite nous nous couchons.
Qu'est-ce qui change durant la semaine Pascale ?
Nous vivons avec intensité le Jeudi saint, le Vendredi saint et le Samedi saint, ce que l'on appelle le Triduum pascal. Les horaires sont modifiés, nous ne travaillons pas forcément. Les temps liturgiques sont plus importants. Le lavement des pieds du jeudi Saint ne se fait pas devant les fidèles, mais entre les sœurs où Mère prieure lave les pieds de chacune d'entre nous. C'est un moment très fort dans lequel nous lisons l'Évangile. C'est un temps ou nous nous demandons pardon et nous nous remercions mutuellement : la vie communautaire n'est jamais facile et c'est important de pardonner à l'autre et de le remercier. Le jeudi soir nous veillons auprès du Saint Sacrement. À minuit, le Saint-Sacrement est caché. Le lendemain matin, nous commençons la journée un peu plus tard. Pour donner la couleur spécifique du Vendredi Saint nous jeûnons au pain et à l'eau toute la journée. Nous avons ici une tradition - je ne sais si c'est le cas ailleurs - où nous ne mangeons pas à table mais assises sur des bancs ou, pour celles qui le peuvent, par terre à genoux.
Pourquoi ces privations durant le carême ?
Le carême nous prépare, nous aide à se rappeler ce qu'a fait Dieu pour nous : comment travailler dans nos vies pour correspondre à son amour, voilà notre question. Faire la volonté de Dieu, ce n'est pas militaire, C'est la question de comment aimer davantage, de comment recevoir cette grâce immense de la résurrection qui est un cadeau de Dieu. C'est l'occasion de souhaiter aux Mayennais un renouvellement dans l'Espérance de la certitude que Dieu nous sauve : malgré toutes les catastrophes, la victoire est déjà acquise. Avec Dieu, c'est toujours un happy end !
Qu'est-ce que Pâques pour vous ?
On prépare Pâques dès le Samedi saint. Après la Vigile pascale, peu avant minuit, nous avons une collation dans le réfectoire joliment décoré. Bien sûr, nous ne nous couchons pas trop tard car nous devons nous lever le lendemain matin ! Pâques c'est une fête, une joie. C'est le mystère central de notre foi. Sans Pâques, il n'y aurait pas de chrétien. C'est le mystère de la résurrection : la victoire de Jésus sur la mort. Si nous n'y croyons pas, nous ne pouvons pas être chrétiens.
Est-elle plus importante que la fête de Noël ?
Les deux mystères fonctionnent ensemble : le premier est la naissance du Fils de Dieu. C'est Dieu qui nous aime tant qu'il se fait l'un de nous pour nous faire participer à sa vie divine. Il se fait homme pour nous montrer ce qu'est être un homme. Il en vient jusqu'à mourir pour nous. Il nous libère ensuite de la mort par la résurrection. Le Père le ressuscite par son Esprit-Saint. C'est pourquoi nous n'avons pas peur de la mort : c'est la porte d'entrée vers la vie éternelle.
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