Dans les yeux de la fille de Geneviève Duboscq, la fierté et "l'amour d'une fille pour sa mère" se ressentent.
Stéphania Troszezynski est l'une des enfants de Geneviève Duboscq, une femme qui a vécu la Seconde Guerre mondiale alors qu'elle n'était qu'une enfant de douze ans. Elle vivait avec ses parents et son frère dans le petit village de Sainte-Mère-Église (Manche), plus précisément dans une maison garde-barrière sur le passage à niveau 104 de la ligne Paris-Cherbourg.
"La nuit la plus longue"
La nuit du 5 juin 1944 a totalement changé la vie de cette petite famille. Vers 22h, alors que la météo était capricieuse, quelques parachutistes américains qui devaient s'emparer de la commune de Sainte-Mère-Église tombent du ciel sous les yeux ébahis de la petite Geneviève. "Un premier homme a vu la maison car c'était la seule présente près de la ligne, raconte Stéphania. Il est entré et a demandé à mes grands-parents s'ils étaient des amis ou des ennemis. Mon père qui était le garde-barrière lui a répondu qu'ils étaient chez des amis et lui a directement montré où étaient positionnés les Allemands. En même temps, des centaines d'autres parachutistes sautaient des avions." Tout le monde s'est aussitôt mobilisé pour aller les chercher car certains d'entre eux étaient tombés dans la rivière du marais. Au total, la famille Duboscq a sauvé 350 soldats en quelques heures. Un miracle.
Recherchés par les Américains
Trente-trois ans plus tard, en 1977, Geneviève apprend que la maison où elle a grandi va être abattue. Pour garder en mémoire son histoire, Stéphania lui suggère d'écrire un livre. "Et c'est ce qu'elle a fait ! Elle est même retournée à la librairie de Sainte-Mère-Église pour récolter des informations sur la construction de la ligne de chemin de fer pendant qu'elle écrivait. À ce moment-là, un homme l'a interpellée et lui a dit que ça faisait 33 ans que les Américains recherchaient sa famille pour les remercier et les décorer pour ce qu'ils ont fait pendant la guerre", se souvient Stéphania en regardant l'ouvrage de sa mère, intitulé Bye bye Geneviève, posé sur la table.
150 000 lecteurs conquis
En 1978, Geneviève Duboscq envoie son livre dans une grande maison d'édition : Robert Laffont. "Trois jours plus tard, elle reçoit un télégramme pour lui dire qu'ils étaient intéressés et qu'ils allaient le publier. Aujourd'hui, on compte environ 150 000 ventes. L'histoire a eu un retentissement énorme", ajoute Stéphania.
"J'ai toujours un amour immense"
Voyant que les livres de sa mère se vendent aujourd'hui uniquement d'occasion, elle a mené un long combat pour trouver une maison pour le rééditer, en sa mémoire et pour l'Histoire. "Maman a eu une fin de vie difficile. Elle a commencé à développer la maladie d'Alzheimer à 65 ans et elle est décédée à 85 ans à Laval. J'ai toujours eu un attachement très fort envers ma mère et j'ai toujours un amour immense pour elle."
À l'occasion du 80e anniversaire du débarquement en Normandie le 8 juin 2024, l'histoire de la famille Duboscq sera de nouveau disponible en libraire en sur Internet, rééditée aux éditions Salvator.
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