Comment êtes-vous devenu jockey ?
J'étais gamin, ma grand-mère paternelle habitait à Houssay, en face de chez Eric Lambertz, et je voyais les chevaux travailler le matin. Ça m'a toujours plu. J'ai fait un peu de poney en club quand j'avais une dizaine d'années et à 15 ans j'ai intégré le CFA agricole de Laval en BEP lad-jockey.
Vous vouliez déjà en faire votre métier ?
Oui, même si c'est un métier un peu fermé. Quand tu n'as pas de famille dans le domaine ce n'est pas évident et c'était mon cas. J'ai essayé de m'impliquer, de ne pas compter mes heures, de montrer que j'étais motivé. Il y a aussi une part de chance en tombant sur des employeurs qui te font confiance. Nous n'avons pas tous la chance de driver des chevaux et gagner des courses. C'est un effet boule de neige : plus tu gagnes des courses, plus tu mènes de meilleurs chevaux.
Avez-vous souvenir de votre première course ?
Si je ne dis pas de bêtise, c'était à Blain-Bouvron-Le Gavre avec une jument qui s'appelait Rocaille des îles. J'avais fait une faute peu après le départ donc je n'avais pas forcément pris de plaisir. J'étais jeune, j'avais 16 ans. Et la première course montée que j'ai gagnée, c'était contre des professionnels, j'avais battu Nathalie Henry. Je devais avoir 18 ans. C'était de l'émotion et la concrétisation du mal que je me faisais le matin pour faire mes preuves.
L'hippisme est un monde restreint ?
Oui, on ne va pas s'en cacher. Mais il y a de plus en plus de portes ouvertes organisées pour être transparent parce que certains parieurs pensent encore que les courses sont truquées comme dans le temps. Ils oublient que c'est notre gagne-pain. Si tu laisses l'autre gagner, ton chèque n'est pas le même. Franchement, je n'ai jamais attendu un arrangement de course.
Avez-vous déjà été confronté à des parieurs mécontents ?
Sur les réseaux, beaucoup. J'ai des copains qui se font insulter et lyncher par des mecs qui ont mis leur vie sur une course. Ils oublient que c'est du vivant. Tu ne contrôles pas tout. Tu peux avoir un cheval qui est au top mais dans un peloton tu as une quinzaine de chevaux donc tu es aussi dépendant des autres. Il peut y avoir une chute, une gêne... Tu n'es pas sûr à 100 % de gagner. Il y a trop de circonstances. Ton cheval peut avoir très bien travaillé pendant quinze jours et la veille de la course attraper un coup de froid.
Comment préparez-vous vos chevaux pour les courses ?
Si un cheval revient du champ, il lui faut trois à quatre mois pour le remettre en condition. C'est comme un athlète de haut niveau. Il passe par une période de jogging pendant trois semaines, ensuite il part sur des petites américaines, du travail de fond un peu plus intense, jusqu'à ce que son cardio soit prêt pour faire du fractionné. Je fais travailler mes chevaux avec une ceinture pour le cœur.
Et votre préparation en tant que jockey ?
Aujourd'hui, je ne cours plus en montée. Je ne peux plus. J'ai vieilli et grossi. Je suis tributaire de mon poids, quand j'étais jeune je pouvais monter même si j'étais déjà osseux. Maintenant, j'ai une carrure d'homme, je ne suis pas gros mais déjà trop lourd pour monter lors des courses.
Quelle différence entre une course montée et une course attelée ?
Pour monter, il faut vraiment avoir une condition physique parfaite, sinon tu n'es pas en osmose avec ton cheval, tu ne respires pas bien. Le plus difficile, c'est quand tu as un arrêt, comme pour Alexandre Abrivard en ce moment qui a été opéré d'une double fracture tibia péroné et sera absent plusieurs mois. C'est un métier très dangereux.
De quoi vivez-vous ?
Depuis un an et demi, je suis à mon compte. C'était la suite logique de mon parcours. Je vis des courses, des pensions et d'un peu de débourrage. La rémunération lors d'une course dépend du classement et des pourcentages des propriétaires sur les chevaux. De la première à la septième place, tu es payé. Ensuite, tout dépend du niveau de la course. Il y a des gros prix à Paris, les courses PMU et la province. Ça peut aller de 13 000 euros pour le vainqueur à des centaines de milliers d'euros pour le Prix d'Amérique par exemple.
Vous êtes donc dépendant des résultats de vos chevaux lors des courses ?
Oui. Mais j'ai une petite structure avec une dizaine de chevaux. Je me suis installé petit à petit sans emprunt donc je n'ai pas le couteau sous la gorge. Beaucoup s'endettent pour s'enrichir.
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