« Quand j'ai dit à ma maman il y a quinze ans que je voulais faire un BTS agricole, elle m'a dit d'éviter. Aujourd'hui, mes parents sont fiers de savoir que je me suis installée. » Depuis le 1er avril 2024, Élise Chesnel vit sa passion au quotidien mais pratique aussi un métier qui implique de grandes responsabilités : être agricultrice.
« On a le droit de vivre comme tout le monde »
Si sa vie a changé depuis ce jour, Élise n'ignore cependant pas toute la complexité et la patience que demande son activité. Née avec des parents agriculteurs en Mayenne également, elle partage sa vie depuis plus d'une dizaine d'années avec Antoine, son conjoint qui est exploitant à Parné-sur-Roc depuis 2013. Avant de le rejoindre, Élise travaillait dans le médico-social avec des adolescents en situation de handicap. « Je me posais beaucoup de questions sur mes envies et j'ai fait une rencontre qui m'a confortée dans l'idée de me tourner vers l'agriculture. Je voulais me lancer dans la conception d'un laboratoire pour faire des glaces. » Si l'idée de rejoindre Antoine à la ferme la démangeait, pour le couple, la question de la sécurité de l'emploi a souvent été un sujet de discussion. « Lorsque nous sommes venus vivre ici il n'était pas question que l'on soit tous les deux agriculteurs car s'il y avait un problème on avait peur de tomber tous les deux. Je réalise aujourd'hui que c'est possible et qu'on a le droit de vivre comme tout le monde en gérant une exploitation, avoue-t-elle de manière assurée. On ne peut pas rester en marge de la société. »
Antoine et Élise donnent aux animaux leurs propres céréales : de la féverole (ronde), de l'avoine (grand) et du triticale (petit). - Clémentine Marié
« Expliquer le métier au grand public »
Aujourd'hui le couple gère la ferme et travaille avec un salarié à temps plein et un apprenti en BTS à Laval. Ils possèdent environ 200 animaux et 160 hectares dont 80 sont dédiés à la pâture et les 80 restants pour leur production de céréales. « Nous sommes en agriculture biologique depuis 2022. Nous étions auparavant chez Lactalis mais nous nous sommes dirigés vers la Laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel dans le Loiret en 2020. Cela nous permet d'avoir des garanties au niveau des prix jusqu'en 2029. Nous croyons au bio. Nous voulons implanter des haies sur les cinq ans à venir et de nous dire que dans 20 ans ça sera bénéfique. Nous avons des enfants et nous pensons à l'avenir qu'on veut leur laisser. » Ils travaillent avec des partenaires « qui correspondent à nos valeurs » et tentent de déconstruire les préjugés sur l'autoconsommation. « On ne veut pas se renfermer mais favoriser notre autonomie. Nous avons plus de contrôle sur ce que nous faisons comme la production de céréales pour nos animaux par exemple. On travaille autant qu'avant mais on fait de la qualité : ça change tout. » Élise et Antoine produisent entre 750 000 et 850 000 de lait par an et vendent 540 euros les mille litres. Sur le lait vendu à LSDH, 15 % sont embouteillés chez C'est qui le Patron, une association de consommateurs créée en 2016 qui vise à rémunérer les producteurs au juste prix. « La bouteille est fixée au prix de 1,42 euro chez C'est qui le patron. Sur ce montant, nous touchons 59 centimes, avoue Élise. C'est super important d'être le plus transparent possible. Il y a quelques années le secteur de l'agriculture s'est enfermé dans un système opaque qui a laissé les gens imaginer plein de choses fausses alors qu'il faut simplement expliquer comment nous travaillons. »
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