Un ciel nuageux surplombe une mairie animée. Il est 10h vendredi 19 avril, les rendez-vous administratifs pullulent. Dans son bureau, le maire de Mayenne Jean-Pierre Le Scornet - entouré de plusieurs silhouettes attentives - ouvre l'un des dossiers les plus attendus de l'année : les travaux du nouveau réseau de chaleur.
"On va éviter de chauffer le sol pour ne pas bouleverser la biodiversité"
"On va arriver dans le dur, dans une phase opérationnelle, celle des travaux. Cela va avoir des impacts sur la vie de certains riverains." Hubert Guérault, conseiller municipal en charge du réseau de chaleur, surenchérit. "Jusqu'à présent c'était sur le papier, maintenant ça sera à coups de pelle."
Le bâtiment de gauche existe déjà : il est situé dans l'enceinte de l'hôpital et cache la première chaufferie de 4 Mwh. Celui de droite est encore fictif et abritera la nouvelle chaufferie de 7 Mwh. - Visuel mairie de Mayenne
Le projet définitif prévoit d'étendre un réseau de chaleur déjà existant, long de 1,5 kilomètre, à l'ensemble de la ville de Mayenne en rajoutant 7,5 kilomètres de tuyaux d'acier. "On va éviter de chauffer le sol pour ne pas bouleverser la biodiversité", souligne Hugues Koumba, chef de projet Engie. "Les tuyaux sont isolés", complète Jean-Pierre Le Scornet.
Des rues barrées
Des tranchées vont être creusées à l'est et à l'ouest de la rive. Les tuyaux d'acier seront placés à 1,30 m de profondeur. "Les rues en travaux seront souvent barrées, notamment les plus courtes", précise François Desnoë, technicien énergie à la ville de Mayenne.
Plan du futur réseau de chaleur de Mayenne. - Visuel mairie de Mayenne
En parallèle, une seconde chaufferie, plus puissante que celle d'origine, va être construite dans l'enceinte de l'hôpital. "On en a besoin pour fournir de la chaleur à tous les nouveaux abonnés", explique Hubert Guérault. Les "nouveaux abonnés", ce sont les bâtiments publics (mairie, écoles, crèches…) et les 180 logements que desservira le nouveau réseau de chaleur.
Une chaleur dix fois moins carbonée que le gaz
"L'objectif de ce réseau de chaleur est de décarboner le territoire", s'enthousiasme Jean-Pierre Le Scornet. "La chaleur qu'on va livrer aux clients est dix fois moins carbonée que le gaz actuel", ajoute François Desnoë. Au total, 4 000 tonnes de CO² par an devraient être évitées.
Une circulaire confiée par la mairie aux journalistes précise qu'un quart du bois consommé par le réseau de chaleur sera issu des "haies bocagères du territoire". L'approvisionnement complet se fera dans un rayon de 100 kilomètres. À l'année, le réseau de chaleur engloutira 9 500 tonnes de plaquettes forestières et bocagères. "En donnant une valeur économique à la haie, on la préserve", se satisfait le maire.
Un coût fixe
"On le voit avec le conflit russo-ukrainien, on est finalement très dépendants des cours d'énergie mondiaux, constate Hugues Koumba. Le nouveau réseau de chaleur fonctionnera avec une énergie bois décorrélée des cours mondiaux. Son prix sera épargné par les évènements géopolitiques."
Les premiers chantiers débutent lundi 29 avril sur deux secteurs : rue Pasteur jusqu'au 21 mai, et rue Guyard-de-la-Fosse jusqu'au 11 juin. Le planning sera régulièrement mis à jour sur le site dédié : www.rezomee.fr/mayenne-biomasse. Les phases de travaux devraient y être annoncées entre "quinze jours et trois semaines à l'avance", estime François Desnoë. Les riverains seront quoi qu'il arrive informés par courrier, plusieurs jours avant le début des travaux.
Le réseau devrait traverser la Mayenne en septembre. "C'est l'un des gros points noirs dont on n'a pas la maîtrise absolue, grince François Desnoë. Il ne faut pas qu'il y ait de crues. Donc si des gens ont des pouvoirs de magnétiseur… La ville est preneuse."
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